Alors que la crise actuelle change les priorités et les habitudes des consommateurs, les entreprises doivent elles aussi se réinventer. Comment continuer à vendre des produits dans un contexte inédit pour l'industrie publicitaire? Les explications de Philippe Garneau, président et chef de Création chez GWP Brand Engineering.
Selon lui, les campagnes publicitaires ont évolué depuis le début de la crise et se sont adaptées à la situation en trois phases.
Au début de la pandémie, sans certitude sur la tournure possible des événements, les campagnes ont repris et appuyé le message sanitaire des autorités au sujet de la distanciation physique. Mais à ce moment-là, on a constaté que les différentes marques, toutes catégories confondues, faisaient le même genre de campagne, explique le publicitaire.
Puis les marques ont commencé à parler d'elles-même. Mais, là encore, les messages étaient très similaires tout comme la façon de les exprimer avec une musique solennelle et autre voix off grave.
Chaque marque s'est dit "ça va être un message qui va vraiment être porteur, qui va exprimer les bons sentiments qu'on veut partager qu'on veut partager avec le public et avec nos employés"
, constate M. Garneau.
Cette approche qui met en avant le fait que tout le monde est dans le même bateau a eu l'effet inverse : C'est devenu bien évident qu'on n'est pas dans le même pétrin. Les gens qui peuvent faire des annonces à la télé ont de l'argent et les gens au Canada n'ont pas d'argent. Alors, ils ont ajusté leurs oreilles.
Des marques plus à l'écoute
Selon M. Garneau, les sondages montrent clairement que le public souhaite que les marques leur disent ce qu'elles font pour les aider concrètement pendant cette période, eux mêmes ou les entreprises en difficulté.
« Les Canadiens, les citoyens, les consommateurs veulent voir un esprit de solidarité des marques qui disent qu'elles vont les aider au lieu de leur vendre quelque chose. On commence à voir cette phase maintenant. »
Et après...
À la sortie de la crise, il faut s'attendre à un réflexe des consommateurs qui vont se souvenir des marques qui se seront servies de leur notoriété et de leur moyens pour aider les gens.
Le retour à la normale sera plus facile pour les produits de consommation courante que pour les produits plus exceptionnels pour lesquels les consommateurs se poseront sans doute des questions sur qui mérite leur argent.
Enfin, la teneur des messages publicitaires de l'après-crise changera sans doute dans un premier temps. En ce moment, c’est la proximité entre les gens qui est interdite et la publicité de l'après-crise va devoir en tenir compte. Le retour à la normale s'opérera, mais si la relation entre le consommateur et le produit a été fondamentalement modifiée par la crise, il est probable que les messages devront changer, conclut M. Garneau.