La production des cultures et du bétail émet le dixième des gaz à effets de serre au Canada. Mais une minorité de producteurs contribuent à renverser la tendance en adoptant les pratiques de l'agriculture régénératrice: l'émission Les Malins a reçu deux d'entre eux, Paul Slomp et Josée Madéia Cyr-Charlebois, deux éleveurs qui ont l'environnement à cœur.
La ferme de production de viande Grazing Days a d’abord été fondée à Manotick Station en 2010 avant d’être déménagée à Saint-André-Avellin il y a sept ans. À leur arrivée, la terre était plutôt mal en point : précédemment, elle avait été louée à des cultivateurs qui avaient des pratiques industrielles.
La bonne nouvelle, dixit Paul, est que l’agriculture régénératrice permet aux terres de retrouver leur santé. Sept ans plus tard, le couple y laisse vivre ses poules, ses porcs et son bétail à l’extérieur. Les troupeaux sont déplacés quatre fois par jour de l’une à l’autre des nombreuses parcelles d’un pâturage de 270 acres. Ils n’y retournent que 45 jours plus tard, le temps que la terre assimile le passage des animaux, que l’herbe repousse, que l’écosystème du terrain s'assainisse, et que le carbone retrouve son chemin vers la terre plutôt que dans l’air.
L’approche régénérative, « c’est un peu un retour à l’agriculture des années passées, mais avec beaucoup plus de connaissance à propos des petits systèmes dans le sol: comment ils fonctionnent, qu’est-ce qu’on a besoin de faire pour être sûr que la fonge et les bactéries soient en bonne santé dans la terre », résume Paul.
Grazing Days est aussi le projet de vie d’un couple devenu une famille de quatre. Paul a grandi sur des fermes aux Pays-Bas et en Alberta, tandis que Josée a grandi en banlieue. Mais son projet a séduit celle qui se passionnait pour la souveraineté alimentaire. « Je pense que notre deuxième ou notre troisième date, c’était de prendre un cours sur la gestion holistique des ressources agricoles », raconte Josée en riant.
Pour Josée, ce fut le déclic. « Des fins de semaine en couple, comme ça, où on discute de l’élevage, de la planification d’entreprise, financière et écologique… C'est à ce moment-là que je me suis dit qu’il y a moyen, avec une approche différente à l’agriculture, de faire en sorte que ça soit un projet de vie, sans nécessairement que je me sente personnellement interpellée par le travail avec le troupeau. C’est plus grand que ça. »