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John Gomery : la vie passionnante d’un homme prudent

John Gomery, juge à la retraite de la Cour supérieure du Québec
John Gomery, juge à la retraite de la Cour supérieure du QuébecPHOTO : Radio-Canada / Radio-Canada/Mathieu Arsenault
Publié le 12 février 2018

La commission Gomery, dernière mission professionnelle du juge John Gomery, a permis à ce dernier de jouer un rôle majeur dans l'histoire récente du Canada. Il a mené l'imposante opération à sa manière : bavarde, obstinée et prudente. « J'ai toujours pensé, dit-il, que l'homme idéal est prudent et mesuré, un bon père de famille, tel que celui évoqué dans l'ancien Code civil. J'ai calqué ma vie sur ce modèle. »

Fier du travail accompli à la barre de la Commission d’enquête sur le programme de commandites et les activités publicitaires, le juge à la retraite observe le Canada actuel d’un œil rassuré. « Je pense vraiment que la démocratie est meilleure au Canada, dit-il. Nous avons permis d’établir les balises de ce qui est permis ou non pour les politiciens. Nous avons sensibilisé la classe politique aux dérives dont ils doivent se méfier. Le gouvernement est définitivement plus propre qu’avant. »

À la télévision, au quotidien pendant des semaines, les Canadiens ont regardé les audiences menées par John Gomery et ont pu mesurer l’ampleur des détournements de fonds orchestrés par le gouvernement fédéral. John Gomery n’a qu’un seul regret, c'est d'avoir accordé à une journaliste une entrevue dans laquelle il faisait des commentaires sur Jean Chrétien, qualifiant de « petite politique de village » les balles de golf portant le symbole du drapeau canadien et la signature du premier ministre. L’ex-premier ministre avait ensuite fait un coup d’éclat lors de son témoignage à la commission. « C’étaient des jours difficiles et je n’aurais jamais dû faire cette entrevue », regrette l’ancien juge, aujourd’hui heureux propriétaire d’une ferme d’élevage.

Une vie entre les deux solitudes
Né en 1932 dans une famille anglophone de l’ouest de Montréal, d’un père qui a été courtier immobilier et vendeur de charbon, John Gomery a passé les 18 premières années de sa vie dans l’ignorance quasi totale de la culture francophone de l’est de la ville.

« J’ai été une incarnation du concept de deux solitudes. J’étais totalement isolé des milieux francophones, que je ne fréquentais pas et dont j’ignorais tout. »

— Une citation de  John Gomery

Il a amplement rectifié le tir par la suite, s’intéressant de plus en plus au peuple francophone dès le début de ses études universitaires.

Avocat et juge : un accès à des univers hétéroclites
« Ma vie professionnelle a été une grande aventure », dit John Gomery, sourire dans la voix.

D'abord avocat pendant plusieurs années au sein du prestigieux cabinet montréalais Fasken, Martineau et DuMoulin, il a été nommé juge en 1982. Il dit avoir découvert alors des mondes qu'il ne soupçonnait pas, notamment en tant que juge dans des affaires de crimes graves. « Cela m’a rendu plus intelligent et plus lucide », dit-il.

« Être en contact avec les aspects les plus sombres de l'humanité n'est pas toujours agréable, mais cela permet de mieux comprendre l'humanité. »

— Une citation de  John Gomery