Le député de Québec Solidaire Amir Khadir est arrivé en plein cœur du Plateau Mont-Royal avec sa famille à l'âge de dix ans. C'est de son père qu'il tient son côté militant, lui qui a fui le régime du Shah d'Iran au début des années 70. Dans cet entretien avec StéphanBureau, il parle de cette communauté qui est arrivée ici par milliers, de ses débuts dans le communautaire et de ses convictions politiques qui en font parfois un député controversé. (Rediffusion du 22 mars 2017)
À l’adolescence, Amir Khadir est resté très près de ses racines iraniennes. Il s’impliquait auprès des nouveaux arrivants, et sa famille rêvait d’y revoir la démocratie pour y retourner. « J’étais déjà militant contre le régime du Shah, mais je suis devenu militant communautaire et social. »
Se sentir Québécois
Dès l’école secondaire, il s’imprègne de la culture québécoise avec ses amitiés, ses premiers amours et les premiers attachements à la culture comme les chansonniers. « C’est sûr que l’identité migre en fonction de ces attachements-là. Ce processus a été enclenché quelque part au milieu des années 70. »
« En 1986 [avec ma femme], on est allés voir Richard Desjardins au Campus. À la sortie de ce spectacle, on s’est dit : “Ce Québec-là, on aime ça!” »
Se comparer à Gandhi et Martin Luther King en pleine crise étudiante
Amir Khadir n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pense. On l’a constaté en 2011 lors d’un échange musclé avec l’ancien premier ministre du Québec Lucien Bouchard.
Il s’est aussi emporté pendant le printemps érable, ce qui a mené à une arrestation. Pour lui, c’était de la désobéissance civile, comme l’auraient fait Gandhi ou Martin Luther King. C’est en se comparant à ces derniers que des journalistes lui ont reproché ses propos. Il en tire aujourd’hui une leçon. « Maintenant, je sais qu’il faut prendre des précautions pour qu’on ne nous mette pas des choses dans la bouche immédiatement. C’était plutôt pour dire : “Qui sont nos inspirations?” »
Une loi qui est inéquitable mérite d’être défiée
« Les grands documentaires sur les personnages historiques sont là pour inspirer les gens dans leurs actions, dans leurs réflexions. Si aujourd’hui on admire Martin Luther King ou Nelson Mandela, ce n’est pas pour leurs noms ou parce qu’ils sont devenus des stars, mais c’est à cause de leurs actions. Qu’ont-ils fait ces gens-là? Ils ont défié la loi. Et c’est en défiant les lois qu’on fait avancer les lois. »