« C'est à travers le théâtre que j'arrive à la vie adulte, la vie de créateur. » Le comédien Alexis Martin, qui a aussi étudié la philosophie, se considère surtout comme un « gars de fiction ». Tout comme son père, le journaliste Louis Martin, il raconte avant tout des histoires et il est à la recherche de vérité. Avec Marie-France Bazzo, il discute de sa grande curiosité et de l'énorme bagage que lui a laissé son père.
Trois mots qui le définissent
La curiosité : « Je peux me décrire comme un gars très curieux, un polymathe. Je suis intéressé par toutes sortes de savoirs : les sciences, l’histoire, la poésie, la politique. Après, c’est de savoir comment ne pas trop se disperser et arriver à creuser ces savoirs, ne pas s’égarer. »
L’inquiétude : « C’est le moteur essentiel à toute création, l’inquiétude, celle d'être pertinent et juste. C'est quelque chose qui m’a été légué par Robert Gravel. Il était un homme très inquiet, tout comme Jean-Pierre Ronfard. C’était un théâtre de l’inquiétude, pour savoir si on se répète, si on fait bien les choses, si on est original. Cette inquiétude est un moteur puissant qui nous pousse toujours à en savoir plus. »
L’appétit : « J’ai beaucoup d’appétit pour connaître, savoir et essayer des choses. Encore une fois, ce mot est tributaire de l’inquiétude, qui forge un appétit solide. Je vais répondre à cette inquiétude et en manger plus, en connaître plus et lire plus. »
La bibliothèque de son père
Son père, le journaliste Louis Martin, est mort en 2008. Alexis Martin a racheté la maison familiale, qui contenait une formidable bibliothèque qu’il parcourt régulièrement pour ses projets de théâtre. En ce moment, il s’intéresse à la vie du chef métis Gabriel Dumont, qui était proche de Louis Riel. Il travaille sur un projet qui concerne l’auteur Jean-Marc Dalpé et plusieurs communautés amérindiennes du Canada.
« Dans la bibliothèque de mon père, j’ai trouvé une littérature sur l’histoire canadienne qui correspondait exactement aux besoins que j’avais. Des biographies de McDonald, de Riel, de Dumont. Je me suis rendu compte que papa avait fait une grande série radiophonique sur les Amérindiens du Canada. Je suis retombé dans ses dossiers de recherche et il y a des sujets qui recoupent exactement ce que je fais en théâtre. »
Les liens entre le journalisme et la fiction
« Petit, je voyais mon père travailler ses articles. Je voyais qu'il y avait une idée de raconteur, il y avait un processus de raconter une histoire. Lui était lié par la vérité et les faits. Moi, ce sont des faits inventés. Mais dans les deux cas, il y a une certaine notion de vérité. Je ne pense pas que la fiction soit étrangère à la vérité. »