Peut-on tout dire à l'université, dont le « mot en n »? « Le Canada semble rattraper une discussion qui a été [...] très importante aux États-Unis à la fin des années 60 et au début des années 70, mais aussi en France au cours des années 70 », pense Mamadou Diouf, professeur d'histoire et d'études africaines à l'Université Columbia de New York. Après l'analyse des racines historiques de ce mot qui a soulevé les débats cette semaine par Mamadou Diouf, Alain Gravel discute de la liberté d'enseignement avec Melchior Mbonimpa, professeur de sociologie à l'Université de Sudbury, Michèle D'Haïti, professeure d'anthropologie au Cégep François-Xavier-Garneau, et Babacar Faye, étudiant en droit et président du Syndicat étudiant de l'Université d'Ottawa.
Dans le cours qu’il donne ce semestre, Mamadou Diouf utilise des œuvres qui traitent du terme « negro », « mais la grande question est de savoir est-ce qu’on l’utilise comme une insulte, comme un terme pour banaliser une personne, pour détruire une personne, ou est-ce qu’on s’inscrit dans une démarche qui est critique, pour expliquer l’évolution d’un terme qui continue effectivement à alimenter le racisme et la racialisation », précise-t-il.
« Il faut aussi d’abord confronter le mot directement et le sens du mot et puis l’héritage du mot, ce que ça veut dire et comment ça affecte les personnes », croit Babacar Faye, qui explique que le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa n’en avait pas contre l’enseignante Verushka Lieutenant-Duval, mais contre un contexte précis préexistant à l’université.
Michèle D’Haïti déplore l’absence de débat et la désignation d’un bouc émissaire. « Le dialogue est vraiment nécessaire, et à mon avis, il n’y a pas eu de dialogue, il n’y a pas eu de débat. »
Enfin, Melchior Mbonimpa soulève le clivage entre les francophones et les anglophones, qui ont réagi différemment à l’utilisation du « mot en n ».