La délicate question du retour des ressortissants canadiens partis faire le djihad en Syrie divise les citoyens et les experts. Entre les risques pour la sécurité publique et les responsabilités du Canada envers les droits de la personne, notamment pour les femmes et les enfants des combattants, il est difficile de trouver un compromis pouvant satisfaire tous les partis concernés. Pour réfléchir à cette question épineuse, Alain Gravel s'entretient avec Rukmini Callimachi, journaliste au New York Times; Dominique Bons, fondatrice de l'association Syrien ne bouge agissons, et David Morin, codirecteur de l'Observatoire sur la radicalisation et l'extrémisme violent de l'Université de Sherbrooke.
Pour Dominique Bons, qui a perdu ses deux fils partis faire le djihad en Syrie, la priorité est de ramener les enfants qui vivent dans des conditions souvent terribles sur le champ de bataille. « Si on ne fait rien, ce seront des gens encore plus dangereux », ajoute-t-elle, craignant leur radicalisation.
Un problème juridique complexe
La journaliste Rukmini Callimachi – qui a notamment réalisé le balado Caliphate, dans lequel elle rencontre un djihadiste canadien – souligne que le rapatriement de combattants étrangers pose un problème juridique important. De nombreux experts craignent que le manque de preuves entraîne la libération d’individus dangereux une fois ceux-ci rentrés au pays.
« Oui, il y a des risques, mais on est capable, en tant que gouvernement, de gérer ce risque, compte tenu du faible nombre de personnes dont on parle », estime toutefois David Morin. S’il est impossible de déterminer exactement combien de ressortissants canadiens se trouvent en Syrie, ils seraient environ de 40 à 50, selon David Morin.