Avec 3500 organes, la banque de cerveaux de l'Institut universitaire en santé mentale Douglas « fait partie des ligues majeures ». Naguib Mechawar, qui dirige la banque, rapporte comment on trouve des cerveaux, comment on les conserve et comment ils sont utilisés par les chercheurs, notamment dans le domaine de la santé mentale.
Le chercheur explique que les cerveaux proviennent principalement de personnes suicidées et de personnes faisant partie de cohortes de participants à des études spécifiques.
« Nos échantillons sont reconnus mondialement. »
Dans le premier cas, le Bureau du coroner met la banque en contact avec les familles, qui donneront leur consentement pour que le cerveau de la personne morte soit prélevé. « La majorité des familles acceptent de faire le don pour la recherche. » Les familles reçoivent aussi un soutien psychologique.
Dans le deuxième cas, les participants à des études sur le vieillissement, l’alzheimer ou la sclérose latérale amyotrophique, par exemple, signent un formulaire de consentement de leur vivant. Comme les cerveaux viennent avec leur dossier médical complet, ce sont des spécimens « particulièrement riches » pour les chercheurs.
Pour les cerveaux témoins, la banque sollicite les familles des personnes mortes accidentellement, toujours par l’entremise du Bureau du coroner.
Une banque essentielle pour la recherche en santé mentale
Après le prélèvement, les deux hémisphères sont séparés. L’un sera gardé entier et placé dans le formol, le préservant pour des décennies de microscopie. L’autre sera coupé en tranches épaisses et congelé à -80 ºC pour faire de la recherche moléculaire. « Ça permet une variété d’approches expérimentales. »
Chaque cerveau prélevé peut être utilisé pour des dizaines, voire une centaine de recherches, et ce, en Asie, en Europe, aux États-Unis, ainsi qu'au Canada.
À titre d’exemple, à l’Institut Douglas, on pratique une « autopsie psychologique » à partir du récit des familles pour quantifier la maltraitance infantile de la personne suicidée. Grâce à cette quantification de la maltraitance, les chercheurs peuvent mieux sélectionner les échantillons pour les comparer et déterminer l’effet de la maltraitance infantile sur le cerveau.