« C'est une technique qui est de plus en plus utilisée. [...] On en a toujours de moins en moins pour notre argent, et parfois, ça peut être choquant, parce qu'on se retrouve avec des emballages où [les produits] ont été nettement réduits », note Sylvain Allard, professeur de design, au sujet du sous-dimensionnement, une pratique qui est monnaie courante dans l'industrie alimentaire. Bien que légale, cette technique n'en est pas moins questionnable sur le plan moral, dit-il.
« On peut se poser la question [à savoir] jusqu’où on va aller. Est-ce qu’on va en arriver à avoir des emballages qui vont être plus lourds que leur contenu? Et jusqu’où on va dans la réduction? Il y a une préoccupation à ce niveau-là », souligne Sylvain Allard.
« Disons-le, c’est une forme de mensonge par omission. Ce qu’on veut, c’est en mettre moins, et que les gens ne le remarquent pas. C’est assez particulier, et on le voit de plus en plus. »
Les cas de Toblerone et de Whippet
Les exemples de sous-dimensionnement sont nombreux depuis quelques années. Les boîtes de céréales sont un bel exemple, fait remarquer Sylvain Allard. Des emballages de jus d’orange ont également vu leur contenu diminuer au fil du temps : pour certains produits, on est passé de 2 litres à 1,89 litre, puis à 1,75 litre, sans que le prix soit modifié ou revu à la baisse.
Les tablettes de chocolat de marque Toblerone ont elles aussi rétréci ces dernières années. En 2016, le grand format de cette friandise a perdu 40 grammes. De leur côté, les boîtes de Whippet, qui contenaient 350 grammes de biscuits en 2011, n’en contiennent aujourd’hui que 250. Cela représente une réduction de 40 % en 7 ans.
Beaucoup de groupes de pression, comme Option consommateurs, ont dénoncé la pratique du sous-dimensionnement depuis plusieurs années, mais tant que le poids et le prix d’un produit sont inscrits sur l’emballage, peu de choses peuvent empêcher cette pratique.
N’empêche, dit Sylvain Allard, les consommateurs ont entièrement le droit d’exercer de la pression sur les entreprises qui pratiquent le sous-dimensionnement.
« Il y a quand même la Loi sur la protection du consommateur qui nous indique qu’aucun commerçant, fabricant ou publicitaire ne peut, dans une représentation qu’il fait à un consommateur, passer sous silence un fait important. Or, l’omission est, en soi, une représentation. Comme le sous-dimensionnement se fait toujours à l’insu du consommateur, on [est en droit de] se demander si on ne pourrait pas mettre plus de pression sur ces entreprises. »