Après avoir été presque éradiquée en 1997, la syphilis est revenue en force au pays depuis 2004. En 2015, 3321 cas de cette maladie à déclaration obligatoire ont été signalés. Elle est aujourd'hui la troisième infection transmise sexuellement (ITS) la plus rapportée au Canada, après la chlamydia et la gonorrhée, précise notre chroniqueur Jean Longtin, microbiologiste en chef à l'Institut national de santé publique.
Mozart, Beethoven, Schubert, Lénine, Mussolini, Nietzsche et Staline ne sont que quelques-unes des personnalités célèbres ayant contracté la syphilis depuis le 19e siècle. Cette infection, très répandue à cette époque, est causée par une bactérie appelée Treponema pallidum. Contrairement à d’autres, si elle n’est pas traitée, elle peut progresser pendant de nombreuses années sans symptômes apparents.
Pendant la seule année 1860, la syphilis aurait tué 120 000 personnes en France. Les traitements efficaces sont apparus au début des années 1940, avec l'avènement de la pénicilline. C’est d’ailleurs une des rares infections qui est encore traitée avec la pénicilline standard.
« Les cas ont donc graduellement diminué au Canada, passant de milliers annuellement à seulement 115 en 1997. »
La très grande majorité des cas rapportés, soit 95 %, touche des hommes, en particulier ceux qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes. Toutefois, de plus en plus de femmes en âge de procréer la contractent. En 2016, 95 cas de syphilis ont été déclarés chez des jeunes femmes au Québec, et 23 cas ont été signalés chez des femmes enceintes entre 2010 et 2015 au Canada. Rappelons que la syphilis a des conséquences très graves sur le fœtus.
Les symptômes de la syphilis
Après une incubation de deux à trois semaines, la syphilis commence à se manifester, avec l’apparition d’une petite papule (un bouton) qui deviendra un ulcère indolore aux rebords durs et surélevés. Comme aucune douleur n’y est associée, les gens ne se plaignent pas souvent ou elle passe inaperçue.
Ensuite, entre deux et huit semaines après la transmission, la bactérie se propage dans tout le corps et cause une éruption cutanée, surtout au tronc et aux extrémités, et entraîne des symptômes comparables à ceux d’une grippe (fièvre, céphalées, malaises, etc.).
« Ça semble guérir ensuite tout seul, et c’est là le problème. Quand ça part, on se dit ‟fiou”. Par contre, elle n’est pas guérie, elle est dans une phase de latence. »
Chez 25 % à 40 % des personnes, et même jusqu’à 30 ans plus tard, la syphilis revient et cause encore plus de dommages qui peuvent aller jusqu’à la paralysie générale, des problèmes cardiaques ou encore de mémoire, de jugement ou de manies. Dans la première moitié du 20e siècle, 10 % des admissions dans les hôpitaux psychiatriques étaient attribuables à la syphilis.