Selon le nutritionniste Bernard Lavallée, la thèse du film What the Health, sorti récemment sur Netflix, peut se résumer ainsi : « Si vous mangez de la viande, vous mourrez demain. » Déçu par ce film, il souligne les extrapolations et l'absence de rigueur de ce documentaire qui s'intéresse au lien entre la consommation de viande ou d'œufs et les maladies.
L’analogie exagérée entre l’œuf et la cigarette
Le film explore tout d'abord les liens entre la consommation de viande rouge et le cancer colorectal, mis de l'avant par une étude en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
L’affirmation « Un œuf = cinq cigarettes » exprimée dans le film produit par Kip Andersen et Keegan Kuhn a fait tiquer Bernard Lavallée. Celle-ci est tirée d’une étude en date de 2010, dans laquelle des chercheurs avaient trouvé un lien entre la consommation régulière de cholestérol alimentaire et une hausse de la mortalité.
Selon cette étude, l’ingestion de cholestérol a un effet aussi néfaste sur l’espérance de vie que la consommation de 5 cigarettes par jour pendant 15 ans. Le mot œuf n’apparaît cependant pas dans l’étude, explique Bernard Lavallée : « C’est une extrapolation disant que la quantité de cholestérol ingérée [dans les essais de l'étude] est la même que celle contenue dans un œuf. »
Un film aux nobles intentions, dénaturées par une forme grotesque
Le documentaire présente le témoignage d’experts qui affirment que le sucre n’a aucun lien avec le diabète. Selon eux, ce serait la viande qui causerait la maladie. « Quand on dit qu’un nutriment ou qu’un aliment est la cause de tout, ça devrait sonner une cloche au spectateur », explique Bernard Lavallée. Selon lui, il faut considérer l’alimentation dans son ensemble pour déterminer les causes des maladies chroniques.
Le nutritionniste explique que le documentaire est cependant animé de nobles intentions et aborde des points importants.
« C’est vrai qu’on mange trop de viande et que les produits laitiers ne sont pas essentiels. Cela étant dit, je ne crois pas que d’exagérer des faits, voire mentir, est nécessaire pour faire passer un message. Au contraire, c’est tellement facile de réfuter des affirmations aussi sensationnalistes que j’ai peur que cela nuise à la perception qu’ont les gens du végétarisme. »
En complément :
Le film (Nouvelle fenêtre) sur Netflix
La vidéo (Nouvelle fenêtre)du youtubeur Mike the vegan, qui commente ce documentaire