« On va beaucoup définir la virginité par rapport à l'hymen. [...] On a encore ce problème-là et ce réflexe-là d'accorder de la valeur à l'hymen, alors qu'à mon avis, on ne devrait pas », dit la sexologue Geneviève Labelle, pour qui le concept même d'hymen « est faux ». Selon elle, de nombreux mythes et faussetés sont encore véhiculés de nos jours au sujet de la virginité féminine, dont la perte devrait obligatoirement passer par la perforation ou la rupture de l'hymen. « On ne peut pas se servir de ce critère-là pour évaluer la virginité. »
Tout d’abord, Geneviève Labelle tient à expliquer que l’hymen, contrairement à la croyance populaire, n’est pas une membrane qui recouvre l’entrée du vagin, mais plutôt un repli de muqueuses disposées en couronne autour du sexe féminin.
Selon la sexologue, le mot hymen ne fait pas référence, physiologiquement, à quelque chose de tangible qui s'observe de la même manière chez toutes les femmes. Et personne ne peut attester hors de tout doute si un hymen est intact ou encore le moment où il aurait été perforé ou pas, insiste Geneviève Labelle. « Ça peut se faire en faisant de la gymnastique. »
La virginité féminine, fixation des sociétés patriarcales
Selon Geneviève Labelle, la virginité féminine, véritable fixation des sociétés patriarcales depuis des lustres, est encore liée à un rapport de domination entre l’homme et la femme.
« On est encore dans cette idée-là […], que l’homme va briser l’hymen de la femme et donc "conquérir le territoire", alors qu’on gagnerait à voir le contraire, à voir que la femme n’appartient pas à un homme. C’est une relation qui est réciproque. »
« Et c’est faux qu’une première relation sexuelle doit faire mal. Si on prend le temps de se caresser, d’écouter le corps, de le découvrir ensemble, il n’y aura ni saignement, ni rupture, ni douleur », ajoute Geneviève Labelle.
Elle déplore aussi que la perte de la virginité, chez l’homme, ne soit pas définie de façon « aussi affirmée » que l'est celle de a femme.