Les résultats de l'élection présidentielle brésilienne ont fait pousser un soupir de soulagement aux scientifiques et aux environnementalistes qui se préoccupent de l'état de la forêt amazonienne. En octobre, la prestigieuse revue Nature affirmait en éditorial que la réélection du président brésilien Jair Bolsonaro était une menace pour la science, la démocratie et l'environnement. Le président sortant a été fortement critiqué pour sa gestion de la plus grande forêt tropicale au monde, et Alexandre Touchette profite du changement à la tête du pays pour faire un bilan de santé de cet écosystème menacé.
La déforestation au Brésil avait atteint un sommet au début du premier mandat du président Lula da Silva, avec la perte en 2004 de 28 000 km2 de forêt, soit l'équivalent la moitié de la Nouvelle-Écosse. Mais un plan d’action pour la prévention et le contrôle de la déforestation dans l’Amazonie mis en place par la suite avait permis de réduire de 75 % les superficies perdues annuellement pour atteindre un creux de 4500 km2 en 2012.
Le gouvernement Lula avait créé des aires protégées, amélioré la surveillance par satellite, s’était attaqué aux coupes illégales et avait réduit les superficies déboisées pour l’agriculture. Mais la tendance est revenue à la hausse après son départ et durant le mandat du président de droite Jair Bolsonaro; les pertes annuelles de couvert forestier ont triplé pour atteindre 13 000 km2 en 2021.
Une étude publiée en mars dernier dans Nature Climate Change rapporte qu’en raison de la déforestation et de la dégradation du couvert forestier, 75 % de la forêt amazonienne a perdu de sa résilience depuis 20 ans. On se rapproche de plus en plus du point de bascule qui entraînerait un assèchement de la forêt accompagné d’incendies sur d’immenses superficies qui transformerait progressivement cette forêt humide tropicale en savane.