Janvier est presque terminé et, pour certains, c'est la fin d'un mois passé sans alcool pour se remettre des excès du temps des Fêtes. Pour d'autres, c'est plutôt février qui sera l'occasion de relever le défi 28 jours sans alcool. Derrière ces variations sur le thème de la tempérance, on constate une plus grande sensibilisation aux effets de l'alcool sur notre santé. C'est dans ce contexte qu'Alexandre Touchette s'est intéressé au lien entre l'alcool et le cancer.
S'il est encore méconnu du grand public, le lien de causalité entre l’alcool et le cancer est démontré scientifiquement depuis presque 40 ans. Le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS a classé l'alcool parmi les produits cancérigènes du groupe 1, la catégorie la plus élevée, où l’on retrouve entre autres le tabac et l'amiante. La consommation d'alcool augmente le risque d'au moins sept types de cancer, dont les cancers de la bouche et du pharynx, du larynx, de l'œsophage, du côlon, du rectum, du foie et du sein.
Une étude publiée l’an dernier dans la revue Lancet Oncology a estimé que les cancers causés par l’alcool entraînent 740 000 décès par an dans le monde. Au Canada, c’est presque 7000 cas de cancer qui sont attribuables à l’alcool, soit 3 % de tous les cas survenus en 2020.
L'alcool et l'acétaldéhyde, un sous-produit de la métabolisation de l'alcool, attaquent directement les tissus humains, et leur effet sur le cancer est typique de la relation dose-effet en toxicologie : plus on boit, plus les risques de tumeurs augmentent. Par exemple, dans la population générale, le risque de mourir d’un cancer de la bouche ou du pharynx est de 1 sur 200. Chez quelqu'un qui boit 1 verre d’alcool par jour, ce risque passe à 1 sur 140, soit une hausse du risque relatif de 42 %. À 2 verres par jour, le risque relatif augmente de 96 %, et entre 3 et 4 verres par jour, la hausse est de presque 200 %.
En raison de ces risques relativement faibles, mais bien réels, des chercheurs et des spécialistes du cancer réclament que des mises en garde soient appliquées sur les bouteilles d’alcool pour mieux informer la population des effets cancérigènes de l’alcool.