La relation des humains avec les forêts qui les entourent est souvent basée sur une forme d'exploitation qui perturbe et, parfois, détruit ces écosystèmes. Pourtant, ça n'a pas toujours été le cas: les Premières Nations ont su pendant des siècles tirer profit de la forêt tout en augmentant sa biodiversité. Alexandre Touchette nous présente cette semaine le travail de scientifiques qui ont retrouvé l'expression de ce savoir ancestral dans des forêts-jardins de la côte ouest du Canada.
Dans une étude publiée dans la revue Ecology and Society, une équipe de botanistes, d’anthropologues et d’archéologues a documenté les vestiges de jardins forestiers aménagés autour d’anciens villages autochtones situés dans les estuaires de la Colombie-Britannique. Ces spécialistes ont retrouvé dans ces parcelles des espèces d’arbres fruitiers comme des pommetiers et des noisetiers ainsi que huit espèces d’arbustes de petits fruits comestibles, et, dans la strate de végétation la plus basse, des espèces à usage médicinal tels le gingembre sauvage et la grande salsepareille.
Les espèces étaient agencées de manière si productive que ces jardins forestiers ont résisté à l’envahissement des grands conifères situés en périphérie des villages, 150ans après qu'ils eurent été abandonnés. Les scientifiques voient dans la résilience de ces aménagements la preuve de la sophistication des techniques de permaculture ancestrales. Une telle approche permettait de maximiser le rendement des plantes indigènes pour tirer des ressources de la forêt de manière durable pendant des siècles, voire des millénaires.