Parmi les différentes épidémies qui font rage sur la planète, il y en a une qui passe à peu près inaperçue. Pourtant, la moitié de la population risque de souffrir de ce problème d'ici 30 ans. De quoi s'agit-il? De la myopie, dont la prévalence est en croissance rapide dans plusieurs régions du monde. Alexandre Touchette s'est intéressé à la recherche sur les moyens de ralentir la progression de la myopie chez les enfants.
Dans les années 1980, 20 % de la population mondiale était myope. Aujourd'hui, ce taux oscille entre 35 et 40 %, et les modèles prédisent qu’il atteindra 50 % en 2050. Dans les régions urbanisées des pays les plus développés d'Asie de l’Est, comme la Corée du Sud, le Japon, Taïwan et Singapour, ce sont plus de 9 jeunes adultes sur 10 en fin de parcours scolaire qui voient mal les objets éloignés.
Cette hausse de la prévalence de la myopie inquiète les professionnels de la vue parce que les myopies fortes peuvent entraîner plusieurs pathologies graves de l’œil. L’étirement de la rétine associé aux fortes myopies augmente les risques de dégénérescence maculaire qui peut mener à la cécité après la soixantaine. Plus la myopie apparaît tôt chez l’enfant, plus elle progresse rapidement et plus elle aura le temps de s'aggraver avant de se stabiliser à l'âge adulte, d'où l'intérêt d'intervenir pour retarder le plus possible la progression de la myopie chez les enfants.
Pour prévenir ces complications, des chercheurs ont testé des verres de contact multifocaux semblables aux lentilles à doubles foyers utilisées par les personnes myopes qui commencent à souffrir de presbytie dans la cinquantaine. De telles lentilles déplacent le point de focalisation de l’image à l’avant de la rétine dans la zone qui s'occupe de la vision périphérique. Ce signal capté par l'œil myope a pour effet de ralentir son élongation et de stabiliser la myopie.