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En mer, sous l'eau, un petit haut parleur émet du son de corail sain au-dessus d'un corail dégradé en Australie pour attirer les larves.
Un haut parleur émet du son de corail sain au-dessus d'un corail dégradé en Australie.PHOTO : Steve Simpson, University of Exeter
Publié le 14 février 2020

Même s'ils n'ont pas de cordes vocales, les petits poissons et les crustacés communiquent en utilisant des sons! Loin du monde du silence – décrit par Jacques-Yves Cousteau en 1956 dans le documentaire qui faisait découvrir au monde entier le monde sous-marin –, sous l'eau, avec leurs dents, leur vessie, en grognant ou en faisant des sons de stridulation, les poissons chantent, comme le décrivent les scientifiques... et comme vous pourrez l'entendre dans ce reportage de Marie-Laure Josselin.

Longtemps, les scientifiques ont observé les poissons, oubliant de les écouter. Pourtant, ces sons peuvent permettre de mieux connaître l'état de santé de l'écosystème dans lequel ils évoluent. De la crevette-pistolet au poisson-clown en passant par le sébaste à dos épineux, les poissons et les invertébrés ne font pas des sons au même moment. Certains préfèrent la journée; d'autres, la nuit; sans compter ceux qui chantent au lever du jour ou à la tombée de la nuit. Certains poissons ne font du son que quelques mois dans l'année, lors de leur reproduction.

Les scientifiques veulent donc, en laissant traîner les hydrophones dans l'eau, être capables de reconnaître les sons des poissons et, ainsi, cartographier le bruit des océans; créer un répertoire du paysage acoustique qui pourra donner l'état de santé d'un récif, par exemple.

Ces sons seront aussi utiles dans les endroits où la visibilité est moins bonne et où il est plus difficile, pour les plongeurs et plongeuses, d'accéder en raison de la profondeur et de la température. La surveillance acoustique pourra aussi permettre, selon plusieurs études, de mieux localiser, choisir et gérer les aires marines protégées.

Mais ce n'est pas tout : les scientifiques ont aussi utilisé le son pour une expérience qui semble prometteuse en ce qui a trait aux récifs coralliens dégradés. Les larves qui ont des besoins particuliers en matière d'habitat, à savoir des récifs coralliens sains et « bruyants », peuvent notamment utiliser les sons pour les localiser. Des chercheurs ont donc utilisé de petits haut-parleurs qu'ils ont accrochés à des récifs coralliens dégradés. Ils y ont diffusé du son correspondant à un récif en bonne santé – donc avec une multitude de sons – pour voir si les larves seraient davantage attirées par l'endroit.

Six semaines plus tard, les scientifiques ont constaté que deux fois plus de larves étaient venues et y étaient restées. Il y avait aussi 50 % plus d'espèces. L'enrichissement acoustique pourrait donc améliorer le développement des communautés de poissons, mais encore faut-il le combiner à une restauration active de l'habitat et à des mesures de conservation efficaces.