A-t-on réellement le contrôle sur son poids? Faut-il croire que bouger et bien manger permet de correspondre aux standards de beauté? Doit-on toujours relier grosseur et mauvaise condition physique? Ce Bar des sciences vous propose une discussion devant public avec trois experts qui étudient la relation complexe existant entre poids et santé.
Les Trifluviens ont été nombreux à participer à l'enregistrement des Années lumière au bar Le temps d'une pinte. Les chercheurs invités ont notamment discuté avec le public des enjeux de santé liés à l'obésité, tout en abordant la grossophobie et ses répercussions.
La menace des régimes amaigrissants
Irène Margaritis, qui dirige l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, en France, constate que les régimes amaigrissants présentent de nombreux risques pour la santé tout en étant inefficaces à moyen et à long termes. Ces régimes, qui insistent sur un contrôle permanent de la prise alimentaire en négligeant l’importance de l’impression de satiété, aggravent la déconnexion entre les besoins physiologiques et la prise alimentaire. À la suite d'un régime amaigrissant, cette régulation psychologique et physiologique, qui se construit depuis l’enfance par essai et erreur, se dégrade – parfois même de façon permanente.
Mourir de grosseur?
Le culte de la minceur à tout prix est également critiqué par le professeur à l’École de nutrition de l’Université Laval André Tchernof, qui affirme que le poids corporel n’a aucun effet sur la mortalité cardiovasculaire lorsque la condition cardiorespiratoire est bonne, et qu’il en est de même pour la forme physique. Ainsi, il est possible d’être gros et en santé si de saines habitudes de vie rythment le quotidien.
Poids et santé mentale
Néanmoins, le fait d’être en surpoids augmente-t-il les risques de développer des problèmes de santé mentale? De nombreuses études l’affirment. Chercheuse en psychologie de la santé à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Marie-Pierre Gagnon-Girouard souligne qu’à l’heure où l’on aborde davantage la grossophobie et ses effets, on mesure que les préjugés liés au poids d’une personne sont plus acceptés. En effet, l’obésité stigmatiserait davantage une personne que le fait d'être en dépression. Fait étonnant : les professionnels de la santé ont les mêmes préjugés – ou peut-être davantage, dans certaines situations – que les gens dans la population en général.
« Finalement, est-ce que l'obésité est liée à la santé mentale... ou si c'est la vision qu'ont les gens de l'obésité qui est encore plus liée à la santé mentale? »
Participants :
André Tchernof, professeur à l’École de nutrition de l’Université Laval et directeur de l’axe de recherche en obésité-métabolisme à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec
Marie-Pierre Gagnon-Girouard, chercheuse en psychologie de la santé à l'Université du Québec à Trois-Rivières
Irène Margaritis, chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, en France