« Je suis un produit de l'école publique, et un produit de certaines personnes. [...] Je crois profondément qu'une seule personne, comme un seul livre, [...] peut complètement bouleverser notre trajectoire », dit l'auteur et travailleur social David Goudreault. Pour l'auteur de la trilogie La bête, cette personne a été Francine Poitras, une enseignante qu'il a eue en 5e secondaire. « Cette personne-là est arrivée juste au bon moment ou j'allais peut-être basculer dans quelque chose de plus grave », souligne celui qui vivait certaines difficultés à cette époque.
« Il y a des gens exceptionnels qui sont là. On a un système très imparfait, mais les êtres humains dans le système, il y en a qui font la différence », plaide David Goudreault à propos de celles et ceux qui œuvrent tous les jours au sein de l'école publique.
L’auteur s’inquiète d’ailleurs de la situation dans laquelle se retrouvent de nombreux intervenants du milieu de l’éducation depuis quelques années.
« C’est préoccupant ce qui se passe en ce moment, parce que moi, j’ai des amis extrêmement intelligents qui auraient des choses à transmettre aux jeunes, et qui décrochent de l’école, de leur rôle d'enseignant, parce qu’on leur en demande trop, parce qu’on les encadre mal, parce qu’ils n’ont pas la reconnaissance qu’ils méritent. »
Le pouvoir des mots
David Goudreault le dit et le répète depuis des années : les mots sont fondamentaux dans le développement d’un enfant. Celui qui a été aux prises plus jeune avec des problèmes de langage croit au pouvoir salvateur de la parole, de la poésie, de l’écriture et de la lecture.
« Je salue tous les orthophonistes du Québec, qui font un travail exceptionnel, parce qu’un enfant qui ne possède pas bien cet outil de la parole va se priver souvent de la prendre, de s’affirmer, de se construire. L’identité, ça passe beaucoup par l’affirmation de soi, à travers les mots que l’on choisit, que l’on porte. »
Selon l’auteur, la prise de parole peut être libératrice pour de nombreux jeunes : « Quand [...] quelqu’un qui n’a pas l’habitude de prendre la parole et de s'affirmer vient la prendre devant 30 personnes, des fois, on a des moments exceptionnels. Moi, j’ai vu des jeunes sortir du placard devant leur classe, ou carrément mettre fin à de l'intimidation en arrivant à nommer des choses avec des images tellement fortes, des métaphores ou des hyperboles. »