Pour combattre l'insécurité linguistique dans la salle de classe, il faut établir un climat de confiance. Le ton sur lequel l'enseignant effectue les corrections est crucial pour le développement de l'élève et ultimement, de la francophonie, selon Carole Freynet-Gagné, éditrice et experte-conseil en pédagogie.
Pour elle, l'insécurité linguistique est un phénomène humain : Chaque fois qu'on parle, on prend un risque, on s'expose.
L'insécurité provient d'un rapport de dominance entre deux personnes ou deux groupes, qu'elle soit réelle ou perçue. On se sent jugé ou on se juge soi-même
, insiste celle qui a animé une discussion sur la sécurité linguistique jeudi, pour le Centre de la francophonie des Amériques.
« Lorsque je ne me sens pas compétent, je décroche et cela a un impact sur la communauté, sur la francophonie »
Pour bâtir la confiance des élèves, il faut que les enseignants résistent à la tentation de toujours corriger. On n'arrête pas d'enseigner, on construit à partir de prise de risque en misant sur l'importance de la communication orale
, précise Carole Freynet-Gagné.
À lire également :
Insécurité psychologique
Le professeur d'anthropologie médicale au Campus Saint-Jean, Boniface Bahi, croit qu'il faudrait parler davantage d'insécurité psychologique. Il tire cette conclusion d'une étude qu'il a co-réalisé en 2018 sur les conditions sociolinguistiques structurantes de la fragilité psychosociale des jeunes Franco-Albertains
.
Cette insécurité prend racine dans trois contextes linguistiques: l'anglodominance, la relation ambivalente avec le Québec et la francophonie non traditionnelle issue des programmes d'immersion ou de l'immigration.
Carole Freynet-Gagné rappelle que l'insécurité peut aussi se manifester à travers les accents. On a tendance à avoir un concept d'accent standard alors qu'on devrait valoriser la multiplicité des accents
, offre-t-elle en guise de solution.