La chercheure en science de l'éducation à l'Université de l'Alberta, Carla Peck, dirige le groupe d'étude pancanadien chargé d'actualiser les méthodes d'enseignement de l'histoire qui n'ont pas été dépoussiérées depuis un demi-siècle.
Les débats sur l’enseignement de l’histoire ne datent pas d’hier au Canada. Mais la dernière étude qui s’est penchée sur les différentes approches pédagogiques existantes remonte à 1968, selon Carla Peck.
« Nous ne savons pas ce qui se passe dans les salles de classe depuis ce temps-là, mais beaucoup [de choses] ont changé dans notre société et dans la façon que nous voulons enseigner l’histoire », affirme la chercheure de l’Université de l’Alberta.
Déjà à l’époque, les conclusions de l’étude suggèrent d’améliorer l’enseignement de l’histoire qui est axé sur la mémorisation d’événements.
« [Les élèves] s’ennuient dans les salles de classe en cours d’histoire. »
Développer l’esprit critique
Pendant sept ans, des chercheurs scruteront à la loupe comment l’histoire est enseignée et apprise dans le contexte propre à chaque province et territoire.
« Nous voulons [aussi] savoir ce qu’il y a dans les curriculums pour savoir quels sont les points communs et les différences à travers le Canada », précise Mme Peck.
En 50 ans, la société canadienne a évolué, tout comme les lunettes au travers desquelles elle regarde son passé.
Dans les classes, les élèves ont des origines de plus en plus diverses. La Commission de vérité et de réconciliation du Canada a mis en lumière la méconnaissance de l’histoire des Premières Nations, expose la chercheure.
Si elle reconnaît que les programmes d’études sont en train de changer, Mme Peck estime qu'il faut en faire plus pour refléter et mieux comprendre les perspectives différentes avec lesquelles l’histoire est appréhendée en cours.
« L’histoire nous offre une occasion de mieux comprendre les perspectives différentes des gens dans notre salle de classe qui sont aussi des gens dans notre société. »
Au lieu qu’ils apprennent une série d’événements historiques par coeur, Carla Peck aimerait que les élèves apportent leurs touches à la construction du récit historique qu’on trame pour eux.
« Nous voulons qu’ils analysent et qu’ils écrivent leur propre récit sur le passé, dit-elle, comme ça ils ne mémorisent pas une version du passé [...], mais les élèves font leurs propres recherches », pour mieux appréhender les différentes facettes de l’histoire que nous partageons.
Cette approche pédagogique passe obligatoirement par le développement d’un esprit critique chez les élèves et de capacités d’analyse qui repose sur les faits et non sur les avis ou les opinions.
« C’est très important, surtout en cette époque de fausses nouvelles, signale Mme Peck. Les élèves ont besoin de développer un sens critique pour traiter ce qu’ils entendent en ligne, dans les journaux ou via les politiciens pour mieux comprendre et penser par eux-mêmes ce qu’est la vérité. »
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Carla Peck a bénéficié d’une subvention de 2,5 millions de dollars du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour réaliser cette étude. Dix-sept universités et une trentaine d’organismes partenaires ont également récolté près de 6 millions de dollars additionnels pour financer cette étude pancanadienne.