Selon un récent rapport du Centre canadien sur les dépendances et l'usage de substances, il faudrait arrêter toute consommation d'alcool afin de protéger sa santé. Dans une société où l'alcool est culturellement important, Roxanne de la Sablonnière, professeur titulaire en psychologie à l'Université de Montréal et directrice du Laboratoire sur les Changements Sociaux et l'Identité explique que cette injonction à réduire drastiquement la consommation d'alcool peut créer des frustrations et donc être mal reçue par les consommateurs.
La professeure en psychologie souligne que, par le passé, les recommandations étaient très claires et cohérentes
.
Cela fait depuis plusieurs années que les gens savent que la moyenne recommandée est de 10 à 15 verres par semaine, explique-t-elle. Cette injonction de réduire peut sembler confuse pour les consommateurs : ce n’est pas surprenant que les gens soient fâchés
, estime-t-elle.
« Il y a vraiment un contraste important entre ce qui était recommandé et ce qui est recommandé maintenant : avant on parlait plutôt d'un nombre de verres, maintenant on parle plus dans une logique de continuum, ''c'est-à-dire moins en boit, mieux c'est, plus on en boit, pire c'est''. »
La directrice du Laboratoire sur les Changements Sociaux et l'Identité affirme que le fait d'inciter les gens à réduire leur consommation d'alcool ne permet pas forcément de les dissuader. Si les causes de cette recommandation ne sont pas clairement indiquées, certaines personnes vont remettre en question ces recommandations afin de justifier leur comportement
, affirme Roxanne de la Sablonnière.
Selon elle, les gouvernements et la santé publique ont une responsabilité extrêmement importante :ils devraient prendre le temps de nous expliquer pourquoi il y a eu des changements aussi drastiques.
Elle estime que ces derniers devraient se pencher sur des outils concrets pour aider les gens à diminuer leur consommation d’alcool dans une approche équilibrée.