Soleil Launière pose une question importante : comment être Québécoise et Autochtone en même temps. Elle est née à Mashteuiatsh, près de Roberval, au Lac-Saint-Jean, et son questionnement identitaire l'a menée à la danse, à la musique et au théâtre.
Sa mère est Québécoise de souche canadienne-française et son père est Innu. « Je dis plus souvent que je suis Innue que Québécoise, mais pour moi, […] être innue ne devrait pas enlever le fait qu’on soit Québécois aussi. […] Les deux côtés vivent à l’intérieur de moi », explique Soleil Launière.
Soleil Launière grandit dans les années 1990 alors que le racisme est très présent dans les environs de Mashteuiatsh. « De 1990 à aujourd’hui, c’est fou comment le monde a changé. Puis c’est bien! »
Elle vit des difficultés à l’école. « Je dessinais partout, mais je n’écoutais pas ». Au secondaire, elle va à Roberval, à 10 minutes en voiture de Mashteuiatsh. « Je change de monde et les classes sont encore plus grandes. »
En troisième secondaire, Soleil Launière s’inscrit au programme Katimavik, qui permet aux jeunes de 17 à 21 ans de voyager au Canada et de faire du bénévolat. Elle séjourne ainsi en Nouvelle-Écosse, au Québec et en Ontario.
Après cette expérience enrichissante, elle vit à Calgary, en Alberta, pendant un an. C’est là qu’elle suit des cours de chant et qu’elle se rend compte qu’elle a du talent. « Apparemment, je suis capable de chanter. » Vers ses 18 ans, elle « commence à ouvrir [sa] parole, [sa] gorge, à chanter de plus en plus ».
Pendant sa vingtaine, Soleil Launière voyage partout dans le monde. Entre deux séjours à l’étranger, elle suit des cours de théâtre et de chant. « Je me suis découverte. Je pouvais vraiment dire qui j’étais », raconte-t-elle.
De retour de ses voyages, elle s’installe à Montréal vers 2014 et désire faire carrière dans les arts. Elle commence à jouer un peu partout et, tranquillement, elle fait des auditions pour des troupes de théâtre.
Ses efforts sont récompensés. De 2018 à 2020, elle est artiste en résidence à l’École nationale de théâtre, à Montréal. Aujourd’hui, elle y est artiste associée et enseignante. « Il manque de présence autochtone dans les écoles. C’est un lien à créer », croit-elle.
À l’heure actuelle, Soleil Launière est en résidence au Théâtre d’Aujourd’hui. Dans ses spectacles, elle affirme son identité innue et « beaucoup le territoire aussi, [sa] relation avec [son] environnement ».