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L'aventure en plein air comme thérapie

Des jambes de marcheurs en forêt.
Des psychiatres prescrivent des «aventures» en nature, comme la randonnée pédestre, à des patients souffrant de maladie mentale.PHOTO : Radio-Canada / Marie-Ève Cousineau
Publié le 13 juin 2018

Pour aider des patients à prendre du mieux, des psychiatres leur « prescrivent » des thérapies par l'aventure. Cette approche sort des sentiers battus et semble efficace auprès de gens souffrant d'une maladie mentale.

Randonnée pédestre, camping, tyrolienne, descente en rappel dans des chutes : Alys a participé à bien des activités lors de sa thérapie par l’aventure à Saint-Raymond-de-Portneuf, il y a trois ans. La jeune femme, qui souffre de bipolarité, a beaucoup aimé l’expérience de groupe de cette approche.

Cela a toutefois constitué tout un défi, raconte-t-elle : « Le plus difficile, c'était de monter la montagne. À l'époque, j'avais 30 livres de plus. J'étais vraiment en surpoids, limite [obèse], à cause des médicaments. Physiquement, c'était vraiment difficile, mais à la fin, j'étais super satisfaite et fière de moi. »

L’organisme Face aux vents organise des thérapies d’aventure – qui ne sont pas des psychothérapies – depuis 5 ans, en partenariat avec la clinique Jeunes adultes psychotiques (JAP) du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), destinée aux 18-30 ans. L’objectif : faire vivre de nouvelles expériences aux patients, dans la nature, et les déstabiliser pour les aider à se rétablir. Les participants doivent se fixer des objectifs personnels, comme développer leurs habiletés sociales.

« Par exemple, on va faire des activités de plein air où les personnes vont devoir échanger entre eux, partager, s'entraider, pour justement amener la personne à finalement ne pas avoir le choix d'échanger », explique le fondateur de Face aux vents, Jean-Philippe Leblanc.

Pour les participants, ces expéditions peuvent être stressantes. « Parfois, avec l'augmentation du stress, il peut y avoir la réapparition de certains symptômes, comme des hallucinations auditives, chez la clientèle schizophrène, par exemple, souligne Jean-Philippe Leblanc, mais ce n’est pas grave si ça se passe, parce que ça arrive de toute façon dans la vie courante. » Les intervenants calment alors la personne.

Au Québec, quelques organismes et entreprises organisent ce type de thérapie, en partenariat avec des professionnels de la santé. La fondation Sur la pointe des pieds offre depuis une vingtaine d’années des aventures thérapeutiques aux jeunes qui souffrent d'un cancer ou qui sont en rémission. Chaque année, 48 jeunes participent à des expéditions, en rabaska, entre autres.

« On les met dans un contexte d’expédition d’aventure, en milieu naturel, et on les amène à se dépasser, indique Jean-Charles Fortin, directeur général de la fondation Sur la pointe des pieds. On les amène à réaliser qu’ils ont des forces, des compétences, des talents insoupçonnés, en dormance sous le cancer. » Leur estime de soi s’en trouve gonflée.

Des résultats positifs

Grâce à la thérapie d’aventure, les patients de la clinique Jeunes adultes psychotiques du CHUM semblent aussi gagner de la confiance en eux. Depuis quatre ans, une équipe de chercheurs étudient les effets de ces expéditions sur les participants. « Les résultats sont préliminaires, mais on voit qu'il y a vraiment un aspect important, soit d'avoir un sentiment d'accomplissement personnel, d'avoir réussi un défi », affirme Clairélaine Ouellet-Plamondon, médecin psychiatre à la clinique JAP. L’expédition renforcerait aussi le lien thérapeutique entre le patient et les intervenants présents aux activités.

Cette approche thérapeutique suscite de plus en plus d’intérêt au Québec. L'Université du Québec à Chicoutimi a d’ailleurs mis sur pied, il y a trois ans, un programme d'études supérieures spécialisées en intervention par la nature et l'aventure. Celui-ci est destiné aux professionnels ayant une formation en relation d’aide ou en éducation, comme les médecins, les travailleurs sociaux et les psychoéducateurs. Il vise à outiller les intervenants intéressés, mais aussi à éviter que des charlatans ne s’emparent du domaine.

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