Les automobilistes l'auront remarqué : le prix de l'essence est étonnamment bas. Et la décision de l'Alberta de réduire sa production de pétrole n'y changera rien, affirme Normand Mousseau, professeur de physique à l'Université de Montréal.
Si le prix de l’essence a autant baissé, c’est parce que la demande mondiale diminue, explique Normand Mousseau. Si on veut réussir la transition énergétique, il va falloir que le gouvernement compense ces chutes-là par des hausses de prix, par des taxes, pour s’assurer que les gens, en voyant le prix du pétrole diminuer, ne s’achètent pas un plus gros véhicule ou n’utilisent pas plus sa voiture
, dit-il.
De son côté, la première ministre de l’Alberta, Rachel Noley, tente de faire monter les prix en imposant une réduction de la production pétrolière albertaine, non pas pour décourager les citoyens de consommer de l'essence, mais dans l’espoir d'augmenter les revenus de l'industrie.
On ne le sentira pas du tout au Québec
, soutient le professeur Mousseau. Même si une bonne partie du pétrole que les Québécois consomment provient de l’Ouest canadien, les prix étant établis en fonction de la production mondiale, la baisse en Alberta n’influencera pas le marché mondial, explique-t-il.
C’est un geste avant tout politique, croit Normand Mousseau. C’est vraiment un message qu’elle [Rachel Notley] envoie aux petites compagnies pour leur dire "Nous, on se préoccupe de vous".
Il rappelle que les élections s’en viennent en Alberta. La première ministre néo-démocrate souhaite donc montrer au secteur pétrolier qu'elle est en mesure de défendre ses intérêts.
Mme Notley va même payer pour des locomotives afin d'ajouter des trains, mentionne Normand Mousseau. C’est fou! L’Alberta va mettre de l’argent pour construire de nouvelles locomotives pour s’assurer qu’on va sortir les trains. Or, si les pétrolières veulent sortir le pétrole, qu’elles financent ça!
Le professeur de physique affirme que les subventions à l’industrie pétrolière ont augmenté de façon faramineuse
cette année au Canada. Selon lui, cette attitude du gouvernement va totalement à l’encontre de la transition énergétique.
« Qu’est-ce qu’on va faire quand la demande pétrolière mondiale va finalement chuter? Est-ce que le gouvernement va devoir multiplier les subventions aux compagnies pétrolières alors que la demande n’est pas là? »