Présenté comme un « manifeste de la réconciliation », Décoloniser le Canada revisite l'histoire des relations entre le gouvernement canadien et les communautés autochtones, tout en proposant des stratégies de rapprochement.
L'ouvrage, écrit par Arthur Manuel en collaboration avec grand chef Ronald M. Derrickson, « permet d'une manière quand même rigolote de retracer cet aspect inconnu de l'État canadien comme État d'apartheid », fait valoir Alexandre Bacon, auteur de la préface et conseiller stratégique auprès d'organisations autochtones.
« Les Autochtones ont été mis de côté, et sont maintenant entassés dans des communautés qui ont beaucoup plus à voir avec des camps de réfugiés qu’avec des villages autochtones [dont la population] se serait progressivement sédentarisée. »
Dépossession des terres, pensionnats autochtones, mécanismes légaux divers : un ensemble de mesures a été mis en place au cours des 150 dernières années afin d’éradiquer les cultures autochtones.
Une réconciliation à construire
Défenseur infatigable des droits des Premières Nations, Arthur Manuel propose plusieurs conditions et mécanismes favorisant la réconciliation. La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, à laquelle il a lui-même contribué, fait notamment partie des outils que le Canada a boudés.
Comme Arthur Manuel, Alexandre Bacon se montre prudent par rapport aux initiatives récentes du gouvernement fédéral envers les Autochtones.
« Il y a des ententes qui peuvent être intéressantes. Mais ce qui prévalait jusqu’ici dans l’approche politique fédérale, c’est que si l’on souhaitait avoir une entente, on devait d’abord accepter de céder – maintenant et à tout jamais – l’entièreté de nos droits sur le territoire. C’était la condition initiale. »
Il souligne que plusieurs gestes posés étaient des nécessités. « Des montants importants ont été octroyés pour l’accès à l’eau potable, [de même que] des investissements dans certaines infrastructures pour rattraper le retard accumulé. »
Les luttes environnementales lui apparaissent également comme un terreau fertile pour des alliances entre communautés autochtones et non autochtones. « Les communautés autochtones disposent de leviers juridiques dont ne disposent pas les municipalités pour obliger par exemple une minière à mettre de côté un fonds de décontamination. »
Anticolonialiste, l’essai constitue finalement « un appel à mettre en mouvement la réconciliation », résume Alexandre Bacon.