Connaissez-vous le pois Saint-Hubert? Le cerfeuil tubéreux? Le melon d'Oka? Ce sont des semences bien de chez nous, mais qui sont peu cultivées de nos jours, si bien qu'elles risquent de disparaître. L'initiative Chef514, fondée par Thibault Renouf, a donc décidé de lancer l'opération Gardiens de semences afin de revaloriser ces fruits et ces légumes.
L’enjeu, c’est la disparition de ces semences, donc l’éradication d’une semence qu’on ne pourra plus jamais retrouver si elle n’est pas cultivée
, affirme Thibault Renouf. Selon lui, les chiffres compilés par l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture indiquent qu’en à peine 100 ans, l’être humain aurait fait disparaît 75 % de la biodiversité à cause de l’agriculture intensive qui a forcé les producteurs à mettre de côté des semences moins performantes.
Avec Chef514, Thibault Renouf a mis des chefs en contact avec des agriculteurs afin qu’ils puissent avoir accès à une plus grande variété de fruits et de légumes. On offre un accès à l’agriculteur de façon à ce qu’il puisse, en direct, venir proposer ses semences, ce qui donne 100 fois plus de choix par rapport à ce que pourrait offrir un distributeur
, explique-t-il.
L’opération Gardiens de semences renverse toutefois ce processus : ce sont les chefs qui proposent des semences à cultiver aux agriculteurs. Ils choisissent dans un catalogue une semence qui les intéresse et ils intégreront le fruit ou le légume à leur menu.
Finalement, ils ont un peu choisi la semence avec le nom, et maintenant, ils se posent la question "qu’est-ce qu’on fait avec ces semences?", indique Thibault Renouf. Ça nous oblige à nous replonger dans l’histoire, à voir ce qui se faisait avec ces semences.
Et certaines d'entre elles ont toute une histoire. Le pois Saint-Hubert, par exemple, a été introduit en Amérique par les premiers colons qui en faisaient, entre autres, de la soupe chasseur.
La première étape pour l'opération Gardiens de semences est de faire connaître des variétés oubliées auprès des chefs et des agriculteurs, mais Thibault Renouf espère qu’elles pourront, un jour, être vendues en épicerie.