L'Organisation mondiale de la santé (OMS) vient d'ajouter le trouble du jeu vidéo à sa onzième version de la classification internationale des maladies. Il ne faut pas pour autant diaboliser les jeux vidéo et croire que tous les adeptes souffrent de dépendance, prévient Miguel Therriault, coordonnateur des services professionnels de l'organisme Le Grand Chemin qui reçoit, depuis 2014, des jeunes souffrant de cyberdépendance.
Il précise que trois symptômes permettent de reconnaître un trouble du jeu vidéo :
- Le fait que la personne perde le contrôle, c’est-à-dire qu’elle n’arrive plus à limiter par elle-même son utilisation des jeux vidéo.
- Le fait que la personne accorde toute son attention aux jeux vidéo, au point de négliger des activités quotidiennes importantes comme l’hygiène, le sommeil ou l’alimentation.
- Le fait que les activités personnelles, familiales et sociales de la personne s’altèrent de façon non négligeable.
Miguel Therriault mentionne aussi la présence d’une souffrance observable lorsque la personne est en sevrage de jeux vidéo. Cette souffrance peut se traduire par des obsessions importantes, de l’angoisse et un stress physique.
« Donc, [le trouble du jeu vidéo] ne se mesure pas en temps d’utilisation, mais bien en conséquences et en perte de contrôle », affirme-t-il.
Miguel Therriault observe beaucoup de ressemblances entre la dépendance aux jeux vidéo et celle aux substances comme la drogue ou l’alcool, dont la présence d’obsessions et une perte de contrôle chez la personne atteinte.
« Pour le traitement, quand on reçoit un adolescent qui est cyberdépendant, notre premier objectif va être de rétablir un équilibre des habitudes de vie, de l’hygiène de vie », explique-t-il.
Il souligne aussi que les personnes atteintes du trouble du jeu vidéo ont généralement beaucoup de difficulté à établir des relations sociales : « Ça nous demande de mettre plus d’énergie sur cet élément-là parce que tout le rétablissement va se baser sur la capacité de la personne à établir des liens significatifs et des liens positifs avec ceux avec qui elle peut être en relation hors ligne. »
Miguel Therriault espère que l’ajout de cette maladie à la classification internationale permettra de lutter plus efficacement contre cette dépendance : « De ces changements positifs, il y en a deux que j’espère : [...] uniformiser l’offre de services un peu partout [au Québec] et [avoir] une continuité de services pour bien répondre aux besoins. Ce que je souhaite aussi, c’est qu’en ayant une définition plus claire du problème, ça nous amène à clarifier [en quoi consiste cette dépendance] parce qu’il y a beaucoup d’inquiétude dans les familles. »