Un colloque qui a eu lieu cette semaine à l'Université de Sherbrooke s'est intéressé à la perception des anglicismes chez les francophones du Québec et du reste du Canada. Intitulée A-t-on encore peur des anglicismes?, la conférence a réuni des linguistes de partout au pays, qui ont cherché à savoir d'où vient la peur entourant l'utilisation de mots anglais chez les francophones du Canada, explique la coorganisatrice de l'événement, Nadine Vincent.
« On est particulièrement sensibles à l’anglais, et je tiens à préciser qu’on n'est pas réfractaires aux emprunts aux autres langues », fait remarquer la linguiste.
Selon Nadine Vincent, le fait que les francophones du Canada soient dans une situation de minorité explique cette peur spécifique des mots empruntés à l’anglais.
Elle mentionne qu’en France, l’utilisation de l’anglais dans la langue standard est vue, au contraire, comme un signe d’ouverture sur le monde.
Est-il acceptable pour un francophone d’utiliser des anglicismes?
Nadine Vincent croit que l’emploi d’anglicismes ne doit pas systématiquement être critiqué. Elle donne l’exemple de « slow food », une expression anglaise pour laquelle la traduction « écogastronomie », proposée par l’Office québécois de la langue française, n'est pas entrée dans l'usage.
D’un autre côté, la linguiste estime que la traduction « clavarder » pour l'anglicisme « chatter » est particulièrement appropriée.
« Je pense qu’il faut que l'on continue de proposer des francisations chaque fois que c’est possible », dit-elle.
Elle-même chérit certains mots provenant de l’anglais, comme « bines », qui a par la suite été traduit par « fèves au lard », alors que ce plat ne contient même pas de fèves.
Nadine Vincent avoue par contre détester les anglicismes empruntés à la France, comme « week-end », puisque l’expression « fin de semaine » existait déjà depuis longtemps lorsque l'anglicisme a été adopté.