L'attentat qui a fait plus de 200 morts dans une mosquée du Sinaï, en Égypte, avait deux cibles, explique le spécialiste du Proche-Orient Rachad Antonius : les individus et le gouvernement.
Il précise que la mosquée qui a été ciblée par l’attentat était réputée pour être un repère de soufis, une branche de l’Islam qui insiste beaucoup sur la spiritualité et la vénération des chefs religieux.
Pour les djihadistes, cette vénération équivaut à associer ces chefs à Dieu, ce qui est un crime méritant la peine de mort à leurs yeux, indique Rachad Antonius. Il est donc convaincu que ce sont les djihadistes qui se cachent derrière la tuerie
L’autre dimension de l'attentat, selon le spécialiste, est purement politique et stratégique : il vise à démontrer que le régime égyptien est incapable de protéger la population. « On s’attaque à travers la population au régime pour dire : "Regardez, vous avez endossé ce régime parce qu’il prétendait ramener la stabilité, mais il n’est pas capable de le faire." », explique-t-il.
Le gouvernement égyptien a beau jouir de l’appui d’une partie de l’élite, il ne peut résoudre ce conflit uniquement par la force, croit Rachad Antonius : « Il faut le résoudre en termes politiques, mais pour l’instant, ce processus politique est bloqué. On ne voit donc pas de solution politique à court terme. »