Selon Sandrine Ricci, chargée de cours et doctorante en sociologie à l'Université du Québec à Montréal, il y a plusieurs raisons pour lesquelles des victimes se tournent vers les réseaux sociaux pour raconter leur histoire. En entrevue au 15-18, elle souligne qu'Instagram, Twitter ou Facebook sont devenus des espaces virtuels très fréquentés où les gens socialisent; il est donc normal que ce soit également les espaces où ils racontent leur histoire.
« Briser le silence, c'est aussi briser la solitude, jusqu'à un certain point. Sur ces réseaux sociaux, une chose que les victimes de violences sexuelles vont chercher, c'est une forme de reconnaissance, de validation. Elles vont chercher du sens par rapport au caractère problématique des gestes qu'elles ont subis et dont elles peuvent se rendre compte plus tard », explique la doctorante. Sandrine Ricci explique aussi que, puisque ce sont des gestes qui sont banalisés dans la société depuis tellement longtemps, les victimes peuvent mesurer la gravité de ceux-ci parfois très longtemps après qu'ils ont été commis.
Dimension individuelle et collective
Sandrine Ricci n'est pas d'avis que ces dénonciations sont une forme de vengeance publique. Selon elle, les femmes qui dénoncent publiquement leur agresseur le font aussi pour informer les autres femmes. Elles veulent donner du sens à une expérience qu'elles pensaient avoir vécu seules. « ll y a une colère et un ras-le-bol qui s'exprime par rapport à l'impunité, par rapport aux failles du système de justice », pense Sandrine Ricci. Ces dénonciations envoient un message à l'agresseur et aux témoins de l'agression, et plus largement à ensemble de la société.