Le dernier rempart du silence est-il en train de s'effriter? Le directeur d'une école de Montréal affirmait cette semaine dans les médias que pour rendre son école plus moderne, il voulait abolir le silence obligatoire dans la bibliothèque, pour que celle-ci devienne un espace de travail collaboratif, comme on en voit de plus en plus dans les entreprises. Or, le silence est primordial dans le monde moderne, et surtout dans les bibliothèques, selon le professeur de philosophie Jérémie McEwen.
Transformer une bibliothèque en lieu où il n’y a plus de silence, c’est impossible!
, s’exclame Jérémie McEwen.
Pour lui, il est essentiel de préserver ces oasis de silence que sont les bibliothèques. Il fait valoir que la réflexion demande du silence et souligne que celui-ci permet de vivre le temps différemment.
Même si le directeur de l’école a assuré que des espaces individuels seraient réservés aux élèves qui veulent lire en silence, Jérémie McEwen croit que le côté collectif du silence est important : Il faut que ce soit un lieu commun. Vivre le silence à plusieurs, c’est différent.
Il indique que celui qui a conçu la bibliothèque de cette école, l’architecte Pierre Thibault, est lui-même un adepte du silence et qu'il en a vanté les vertus au cours de multiples entrevues.
Le professeur de philosophie souligne aussi que la bibliothèque est le repaire de nombreux jeunes qui ont besoin de ce silence dans l’écosystème scolaire. La bibliothèque, c’est le lieu où les nerds peuvent se rassembler, et je trouve ça important que ça reste comme ça
, dit-il.