Pour parvenir à s'affirmer au travail, il faut prendre conscience des pensées qui nous freinent, mais aussi des difficultés bien réelles auxquelles nous faisons face et qui rendent difficile de refuser les demandes de collègues et de superviseurs, souligne la psychologue d'Edmonton Audrey Kodye.
Il est important de comprendre d’où vient précisément notre incapacité à établir des limites saines pour nous-mêmes, souligne-t-elle. Une bonne compréhension des raisons qui nous freinent nous amène à avoir plus de compassion envers nous-mêmes, à éviter l'autoflagellation et à comprendre aussi les avantages que nous tirons à accepter d’en faire plus au travail.
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Elle explique que ce sont souvent nos propres pensées qui nous empêchent de dire « non » au travail, par exemple la peur d’être jugé, la volonté de plaire à l’autre aux dépens de nos propres besoins, le sentiment « d’abandonner » ses collègues ou le désir d’éviter la culpabilité.
Par contre, c’est important de quand même distinguer les pensées que l’on a de la réalité
, souligne Audrey Kodye. En d’autres mots, tout n’est pas purement une pensée, une construction mentale, il faut reconnaître qu’il y a des facteurs réels qui sont en jeu, comme la discrimination, par exemple
, affirme-t-elle.
Les personnes qui sont autochtones, d’origine africaine ou asiatique, par exemple, font souvent face à de la discrimination, constate-t-elle dans sa pratique.
Il y a des études qui ont été menées au Canada et qui montrent que les personnes canadiennes qui s’identifient comme noires font davantage face au chômage, se retrouvent davantage dans des postes à faible revenu et ont également tendance à se voir refuser des promotions au travail plus souvent. On peut comprendre dans ces cas-là qu’il peut être très difficile de dire « non » parce qu’il y a beaucoup de pression lorsqu’on a un travail
, dit-elle.
Lorsque la discrimination est un obstacle à notre affirmation au travail, elle recommande de bien se renseigner sur ses droits et sur les façons de les faire valoir, ainsi que de développer un réseau de soutien.
La culture dans laquelle nous avons été élevés peut également avoir un impact sur notre attitude au travail, précise-t-elle.
Dans nos cultures ou nos familles d’origine par exemple, le fait d’être affirmé n’est pas nécessairement valorisé et ça, ça a l’avantage dans certaines cultures d’aider à préserver les relations, ce qui est très important, et en même temps, ça peut rendre difficile d’exprimer un refus, y compris au travail
, affirme Audrey Kodye.
Elle conseille d’avoir une réflexion sur les facteurs qui nous freinent dans notre besoin d’affirmation au travail et de décider si nous voulons vraiment apprendre à dire « non » avant de se lancer.
Pour mettre en pratique notre décision, elle croit que de viser à maintenir ses relations avec ses collègues tout en apprenant à faire respecter ses limites est la meilleure approche.
On peut dire non à l’autre tout en faisant des compliments, en lui exprimant sa gratitude, pourvu que l’on soit sincère dans ses propos. […] On peut aussi ajouter à cela le fait d’exprimer ses valeurs
, affirme-t-elle.