Il y a 40 ans aujourd'hui, le juge Denys Dionne recevait le mandat de présider la Commission d'enquête sur le crime organisé au Québec. La Commission a notamment visité Mont-Joli, où des bandes de motards criminels faisaient la loi à l'époque. Notre ex-collègue Robert Tremblay a couvert les travaux de la commission dans la région pour CJBR.
Ils s'appelaient Le Rat, Pepsi ou La Pipe; une petite horde de motards criminels semaient la terreur dans la ville de Mont-Joli dans les années 1970. Extorsion, vandalisme et vol étaient alors monnaie courante. Un problème si important que la célèbre Commission d'enquête sur le crime organisé au Québec (CECO) fera un arrêt dans la petite municipalité de moins de 7000 habitants.
Connus sous le nom du club des Flambeurs, ces criminels à moto se font remarquer dès 1970. Cette année-là, ils sont suspectés d’être derrière l’explosion d’une bombe près de la résidence d’un conseiller municipal qui avait osé critiquer les groupes criminels qui agissaient dans sa ville.
Rapidement, les Flambeurs sont devenus plus connus pour l’extorsion qu’ils imposaient aux résidents et aux visiteurs de Mont-Joli.
Le secteur commercial de la municipalité était leur terrain de jeu. Sur la rue de la Gare, épicentre de leurs activités, les motards organisaient des péages illégaux, obligeant les automobilistes à payer deux dollars pour avoir le droit de circuler dans leur propre ville.
Le quartier commercial est devenu si invivable que plusieurs commerces ont fait faillite ou mis la clé sous la porte, selon ce qu'on peut lire dans le rapport de la Commission de police du Québec.
Certains des méfaits attribués aux Flambeurs
- Consommation et trafic de drogue
- Imposition de péage illégal
- Endommagement de voitures
- Vandalisme de commerces
- Incitation auprès d'enfants à consommer de la drogue
Loi de la jungle
Un rapport de la Commission de police du Québec datant de 1980 détaille cet épisode peu enviable de l’histoire mont-jolienne.
Il fait suite à des audiences tenues à Mont-Joli et au cours desquelles 52 témoins ont été entendus.
On y retrouve aussi la liste des noms de 16 membres en règle du gang en y apposant également leurs pseudonymes farfelus; on y découvre le président Donald « Dôme » Charette ainsi que ses acolytes Gilles « Kid » Paradis, Michel « Pepsi » Lévesque et son homonyme Michel « Le Rat » Lévesque.
Une véritable loi de la jungle avait été implantée par les motards dans la petite ville du Bas-Saint-Laurent, lit-on dans les pages du rapport.
La faiblesse du service de police local, qui aurait permis au groupe interlope de se placer en position de force, est relevée aussi.
Le climat de peur était tel que de nombreuses victimes n’auraient pas osé dénoncer les méfaits par crainte de représailles.
Malgré tout, la multiplication des plaintes de citoyens force la Sûreté du Québec et les forces policières locales à collaborer pour mettre fin une fois pour toutes aux activités des Flambeurs. Les affres imposées par les motards criminels cesseront 1978.
Neuf chefs d’accusation, principalement liés à de l’extorsion et des vols qualifiés, ont été déposés contre des membres des Flambeurs. On leur a aussi confisqué leurs motos et leurs blousons de cuir.