Est-ce qu'acheter des crédits de carbone est une entourloupette pour se donner bonne conscience et continuer à polluer sans réellement changer ses habitudes de vie? Ça dépend du contexte, selon Steven Guilbeault.
« Si ça s’inscrit dans une stratégie plus large, la compensation peut jouer un rôle intéressant », résume l’écologiste bien connu, qui travaille maintenant pour le gouvernement de Justin Trudeau.
Le service d'autopartage Communauto offre à ses membres de compenser à coût moindre leur utilisation occasionnelle de la voiture. Des compagnies aériennes offrent également un service similaire. Il existe une grande diversité d’initiatives du genre qui permettent d’ajouter une compensation à des gestes quotidiens de réduction de l'empreinte environnementale.
« Or, si on va dans le sud trois ou quatre fois par année et qu’on ne fait attention à rien, s’acheter des crédits de carbone, ça peut en effet être pour se donner bonne conscience. »
Steven Guilbeault ajoute que si ce système de compensation demeurait à l’échelle individuelle, il serait possible de douter de ses répercussions réelles, mais plusieurs entreprises du Québec et d’ailleurs emboîtent le pas et appliquent ce genre de mesures, notamment au moyen de la bourse du carbone.
« D’ailleurs, d’ici 2020, la plupart des grandes entreprises chinoises seront régies par des systèmes similaires. Et ça envoie un message. Si votre entreprise est toujours en train de compenser, parce qu’elle est moins efficace et plus polluante, alors les investisseurs iront vers d’autres entreprises. »
Pour certains militants écologistes, avant de racheter son empreinte de carbone, il serait préférable de cesser de manger de la viande, dont la production a un grand effet sur l’environnement. Sur ce point précis, Steven Guilbeault plaide pour remettre ces notions en contexte.
« C’est une erreur de regarder les chiffres de façon macro. Ce qui est vrai pour l’ensemble de la planète ne l’est pas nécessairement pour des régions spécifiques. »
Selon l’écologiste, au Québec, chaque personne émet environ neuf tonnes de gaz à effet de serre par année. Pour ce total, quatre tonnes proviennent des transports et de nos déplacements. La pollution liée à l’alimentation se chiffre quant à elle à moins d’une tonne.
« Quand on regarde ça au Québec et qu’on veut vraiment lutter contre les changements climatiques, il faut agir sur le transport. Ce qui ne veut pas dire ne pas faire la promotion du végétarisme, mais au Canada en général, les transports ont un plus grand impact. »
À noter que le bilan de carbone des produits importés au Canada est assumé par le pays producteur.