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Évacuations en avion : les parents devraient pouvoir accompagner leur enfant, dit une mère endeuillée

Gravel le matin, ICI Première.
Audio fil du mardi 6 février 2018

Évacuations en avion : les parents devraient pouvoir accompagner leur enfant, dit une mère endeuillée

Mon fils est mort sans moi : Entrevue avec Catherine Hudon

L'intérieur de l'avion-hôpital du gouvernement du Québec
L'intérieur de l'avion-hôpital du gouvernement du QuébecPHOTO : Radio-Canada
Gravel le matin, ICI Première.
Gravel le matinPublié le 6 février 2018

Le fils de Catherine Hudon est décédé seul à bord du Challenger, ce controversé avion-hôpital du gouvernement du Québec chargé de transporter d'urgence des malades de régions éloignées vers un centre urbain. Dix ans après les faits, les blessures sont toujours aussi vives, et elle plaide pour que les parents puissent accompagner leur petit.

Mattéo avait presque 3 ans lorsqu’il a eu un caillot cérébral, en 2008. Il se trouvait à l’hôpital de Chisasibi, une communauté crie située dans le Grand Nord où Catherine Hudon était infirmière.

« À Chisasibi, il n’y avait pas de façon de diagnostiquer le caillot cérébral. Ce n’était donc pas très clair pour l’équipe, ni pour moi ni pour personne, que c’était ça qui se passait », raconte Catherine Hudon.

Pour évacuer son petit vers Montréal, la mère a eu à choisir entre un transporteur plus lent, mais qui lui permettait de monter à bord, et l’avion Challenger, beaucoup plus rapide, ce qu'a choisi Catherine Hudon.

« Tout s’est fait très vite. Mattéo était éveillé. Dans ma tête, je l’envoyais à Montréal et j’allais le rejoindre. Son état s’est dégradé un peu avant d’embarquer dans l’avion », se souvient Mme Hudon.

Dès qu’il a quitté l’hôpital et sa mère, l’enfant a fait une heure d’ambulance, puis environ une heure d’avion. Catherine Hudon, sans contact avec l’équipe médicale, devait se rendre à Montréal par ses propres moyens.

La mère raconte qu’une agente de bord l'a laissée faire un téléphone. Au moment où elle a pu discuter avec le Dr Saleem Razack, elle a compris que son enfant allait peut-être mourir et qu’elle n’allait peut-être pas avoir le temps de se rendre à son chevet.

« Quand je suis arrivée, ça faisait entre 12 et 14 heures que j’étais séparée de mon enfant. Il était trop tard, je ne pouvais pas le réveiller. Le Dr Razack m’a dit que 50 % de son cerveau était déjà mort en raison du caillot et du manque de sang. »

— Une citation de  Catherine Hudon

Mattéo avait été opéré. Son crâne avait été rasé et un drain avait été installé.

« Il était dans un drap de glace pour préserver l’oxygène dans son cerveau. Quand je suis arrivée, ce n’était plus le même enfant. [...] Tout ça, c’est un gros trou noir. J’ai eu de la difficulté à coller les bouts pendant plusieurs années. Ce trou de temps qu’on m’a volé est très difficile à accepter. »

— Une citation de  Catherine Hudon

Parents acceptés

Catherine Hudon juge inacceptable que les parents ne puissent pas monter à bord du Challenger lorsque leur enfant est évacué d’urgence vers un centre hospitalier urbain. Elle rappelle que les autres provinces canadiennes le permettent.

« On punit des parents et des enfants. On crée des traumatismes. Pour moi, ce n’est pas justifiable. Ailleurs au Canada, ils le font. Pourquoi ne sommes-nous pas capables de nous engager? Il y a une façon de délimiter qui peut ou ne peut pas y aller », soutient Catherine Hudon.

Une opinion partagée par la Dre Catherine Farrell, présidente désignée de la Société canadienne de pédiatrie.

« Il doit y avoir un moyen de repenser la configuration de l’avion et d’accorder la priorité à la présence des parents. Je comprends qu’il faut prioriser les soins médicaux, mais en 2018, il faut penser également que les soins médicaux doivent être donnés en partenariat avec les familles. »

— Une citation de  La Dre Catherine Farrell