La publication, par Montréal, c'est électrique (MCE), du nombre de billets donnés et vendus pour la course de formule E cache de nombreuses démarches effectuées par les représentants des médias montréalais. Le journaliste à Radio-Canada Thomas Gerbet raconte son périple digne des 12 travaux d'Astérix.
« Plusieurs personnes disaient que je m’acharnais. J’estime ne pas avoir lâché le morceau. Je n’étais pas satisfait de ne pas avoir de réponse. »
Depuis la mi-octobre, Thomas Gerbet posait des questions tous les jours, sur les réseaux sociaux, aux différentes entités pour tenter d’obtenir des réponses à ses questions.
Le maire de Montréal, Denis Coderre, l’a référé à evenko, qui l’a renvoyé à MCE.
« Tout le monde s’est lancé la balle. Avec la pression d’autres journalistes et la pression populaire sur les réseaux sociaux, ces gens ont fini par céder et donner ces chiffres qu’on attendait après la campagne électorale. »
Une question politique
Dès le départ, souligne Thomas Gerbet, la formule E est devenue politique par les problèmes causés aux commerçants et aux citoyens de Montréal.
« Le succès ou l’échec de l’événement devenait le succès ou l’échec de Denis Coderre. [...] On l’a bien compris. Le fait de vouloir révéler ces chiffres après les élections était clairement une raison politique. C’est intéressant de voir qu’on a fini par les révéler avant l’élection. »
Thomas Gerbet mentionne que certains faits laissent penser que des membres de l’administration de la Ville de Montréal avaient l’information concernant le nombre de billets vendus. Et dans le milieu des spectacles, ce type de données est révélé au lendemain des événements, poursuit le journaliste.
« Toute la question est de savoir si Denis Coderre le savait ou pas. Lui dit qu’il le savait depuis mardi », rapporte Thomas Gerbet.
Deux raisons forçaient la divulgation des chiffres relativement aux billets de la formule E, croit Thomas Gerbet.
« On a beaucoup vanté cet événement comme un succès populaire. On n’avait pas la preuve que c’était un succès populaire. Est-ce que l’argent public investi en valait la peine? La deuxième raison, on parle beaucoup de la transparence à l’Hôtel de Ville. Il y avait clairement un manque de transparence dans ce dossier », ajoute-t-il.
Définition de succès?
À la lumière des chiffres divulgués mercredi, la porte-parole du regroupement Formule citoyenne, Heidi Miller, s’interroge sur la raison qui pousse les organisateurs et la Ville à qualifier de succès l’événement de la formule E.
« On banalise le vécu des gens. Il y a quand même un commerçant qui s'est trouvé au bord de la faillite à cause de cet événement-là. Comment peut-on dire que c’est un succès quand on oublie les citoyens et les commerçants? »
Le regroupement Formule citoyenne a procédé à un sondage maison auprès de 70 commerçants au sujet de la formule E.
« Pour 70 % d’entre eux, il y a eu un impact négatif. Ce qu’on a constaté, c’est que la nature même de l’événement n’est pas compatible avec notre quartier résidentiel. »