Le décès d'une fillette de 7 ans à Granby cette semaine ébranle le Québec. Jessica Côté-Guimond, une ex-enfant de la DPJ et membre du Comité des jeunes de l'étude sur le devenir des jeunes placés (EDJeP), réagit à la manière dont le dossier a été géré.
Plus jeune, Jessica Côté-Guimond a été ballottée d'une famille d’accueil à l’autre et a fait plusieurs séjours en centre jeunesse. Elle a aussi vécu trois tentatives manquées de retour à la maison avec ses parents.
L’histoire de la fillette de Granby la chavire : « J’étais sous le choc complètement. Je trouve critiquables les pratiques [de la DPJ] et je m'interroge sur ce qu’on aurait pu faire pour éviter ça. Je remets beaucoup le système en question », explique-t-elle.
Ce drame ne l’a toutefois pas étonnée. « Ce n’est pas la première fois que ça arrive », dit-elle.
« Je pense qu’il faut s'arrêter, en tant que société […] pour revoir les façons de faire, affirme-t-elle. Tout le monde n'arrête pas de se battre pour améliorer le système depuis des années, et le gouvernement est là à ne rien faire », ajoute-t-elle.
Revoir le système
Depuis 2006, la DPJ a le mot d’ordre de favoriser le maintien à domicile des enfants. Pour Jessica Côté-Guimond, il ne s’agit pas, dans tous les cas, de la meilleure solution : « Il y a des cas qui sont un peu perdus d’avance, malheureusement. On doit, en société, prendre des décisions et parfois s’avouer que non, cet enfant-là ne peut pas retourner dans sa famille », croit-elle.
« La réalité en ce moment, c’est qu’il y a des enfants qui se font retirer de leur famille pour des raisons beaucoup moins graves », dénonce-t-elle
Mais le problème va beaucoup plus loin que ça.
« On demande aux gens d’aller faire des thérapies, mais il n’y a aucune place de thérapie disponible. »
Et ça a des conséquences qui touchent beaucoup plus que les enfants et les familles : « Des situations comme ça briment la confiance des personnes envers la DPJ. Les gens, quand la DPJ arrive chez eux, ne veulent pas collaborer. Ça bloque les interventions et ça met des embûches [aux intervenants] », souligne-t-elle.
Elle suggère qu’on s’inspire des Attikameks, qui sont parvenus à réduire de 80 % la judiciarisation des dossiers.