Longtemps épargné par le culte de l'image, le monde de l'opéra n'y échappe plus. L'apparence physique des artistes l'emporte désormais sur leur voix.
Katerine Verebely, chroniqueuse culturelle à l’émission Gravel le matin, cite un article de Slate.fr dans lequel Marie-Nicole Lemieux traite de cette nouvelle réalité.
La chanteuse québécoise a été invitée à chanter une version concert de l’opéra Carmen et les critiques ont été dithyrambiques. Elle s’attendait à ce qu’on lui offre le rôle dans la version mise en scène, mais le téléphone n’a jamais sonné, et cela l’a ébranlée.
« Je ne vais pas dire que je suis laide. Je suis une belle femme pulpeuse, mais ce n’est pas dans les standards d’aujourd’hui », a-t-elle dit en entrevue sur France Musique.
L’article raconte aussi que la chanteuse Deborah Voigt est allée jusqu’à se faire poser un anneau gastrique afin de maigrir.
« C’est l’idée que le réalisme l’emporte sur le lyrisme. Les chanteurs doivent maintenant être beaux sur leur pochette d’album. Avant, en classique, on mettait un paysage ou une peinture », poursuit Katerine Verebely.
Outre les médias sociaux, Katerine Verebely croit que la diffusion des opéras dans les cinémas joue un rôle dans ce culte de l’image. « Maintenant, la caméra se braque près du visage. Les gens cherchent du réalisme, alors qu’à l’opéra, on n’en a jamais cherché », ajoute-t-elle.
Katerine Verebely s’interroge à savoir si un chanteur comme Luciano Pavarotti aurait pu avoir une aussi belle carrière avec ces nouveaux critères physiques.
« Maintenant, on lit beaucoup de critiques d’opéra, à savoir que la femme n’était pas jolie ou qu’elle ne ressemblait pas vraiment au personnage », enchaîne la chroniqueuse culturelle.
Or, elle rappelle que jusqu’à tout récemment, il n’était pas anormal de voir une femme d’une quarantaine d’années, assez corpulente, incarner le rôle de Juliette, alors que sur papier, Juliette est une jeune fille toute menue, âgée de 14 ans.