Les domaines traditionnellement féminins, comme les soins infirmiers ou l'éducation, sont les milieux où la plupart des formations incluent des stages obligatoires non payés. Pour l'historienne Camille Robert, qui a codirigé le recueil Travail invisible : portraits d'une lutte féministe inachevée, cette injustice s'explique notamment par un manque de reconnaissance des métiers où l'on prend soin des autres par rapport à ceux des domaines dits productifs, comme le génie, le droit ou l'entrepreneuriat.
« On forme [les stagiaires] à la gratuité et au don de soi, déplore-t-elle. Ça se reflète ensuite dans le milieu de travail où, par exemple, les enseignantes ne comptent par leurs heures pour la préparation et les corrections, et déboursent parfois même de l'argent leur poche pour des fournitures scolaires. »
Valorisation et droits des travailleurs
Il incomberait ainsi à tout le monde de changer sa perception de ces professions, qui ne sont pas appréciées à leur juste valeur, pour que les conditions de vie des gens qui les pratiquent s’améliorent. Grâce à cette valorisation, les stages pourraient être reconnus et payés par le gouvernement, les universités et les milieux où ils se déroulent. « Un salaire permettrait aussi aux stagiaires d’être protégés par les droits du travail, particulièrement en matière de harcèlement. »