« Je crois que l'expression est mal choisie », répond d'emblée le psychiatre clinicien et chercheur Laurent Mottron, également titulaire de la Chaire de recherche Marcel et Rolande Gosselin en neurosciences cognitives fondamentales et appliquées du spectre autistique à l'Université de Montréal. Selon lui, il s'agit d'une expression-choc empruntée à l'univers des superhéros et, par conséquent, elle place les personnes atteintes de ce syndrome au-dessus des autres. Accompagné de Noémie Cusson, chercheuse en neurosciences cognitives et elle-même atteinte du syndrome d'Asperger, il explique ce qui caractérise cette forme d'autisme, de même que le concept de neurodiversité, qui met de l'avant les différences entre les cerveaux.
Le point de départ de cette discussion est le désormais célèbre gazouillis de Greta Thunberg, dans lequel elle affirmait, il y a deux semaines : « J’ai le syndrome d’Asperger, et cela signifie que je suis parfois un peu différente de la norme. Et – dans de bonnes circonstances – être différent est un superpouvoir », poursuivant avec le mot-clé #aspiepower.
Sans oser trop s’avancer sur le cas de Greta Thunberg, Noémie Cusson reconnaît toutefois que le syndrome d’Asperger peut contribuer à faire d’elle la militante qu’elle est, contre vents et marées.
« Certaines particularités viennent avec l’Asperger, notamment en ce qui concerne ses intérêts spécifiques; elle va aller à fond pour tout savoir sur le réchauffement climatique. Il y a également une forme de rigidité, qui fait en sorte qu’elle va rester fidèle à ses valeurs, peu importe le coût social », soutient-elle.