« Pour moi, un jour sans écrire une strophe, n'est pas un jour perdu, c'est une catastrophe », déclare Gilles Vigneault quand on lui demande ce qu'est, pour lui, une journée productive et signifiante. Pour le poète de Natashquan, l'écriture demeure la chose la plus utile au monde et il la raconte merveilleusement bien au micro de Franco Nuovo.
À l’occasion de son retour sur scène avec le spectacle Parole et musiques (qui affiche déjà complet), l’équipe de Dessine-moi un dimanche est allée rencontrer Gilles Vigneault à sa maison de Saint-Placide. C’est là qu’il reçoit les médias et offre désormais des résidences d’écriture de chansons, enrichies de quelques conseils lorsqu’il s’agit de se produire sur scène.
« J’enseigne aux jeunes comment écrire des vers en français, avec toute la sévérité de la prosodie française. [Il s’agit] de leur montrer comment faire le difficile, après quoi ils peuvent travailler l’élision, qui leur donne beaucoup plus de liberté […] et peut-être écrire des choses comme Richard Desjardins »
Au nom de notre langue
Cette discussion sur les techniques d’écriture et le jeu des mots en musique – il s’attarde notamment sur le rôle des monosyllabes – aboutit inévitablement à l’état de la langue française au pays.
C’est peut-être le seul moment de l’entrevue où Gilles Vigneault perd son sourire en affirmant qu’elle est réduite à se faire détruire par ses auteurs. « La langue parlée, c’est la langue d’un instant; la langue écrite, c’est la langue inscrite dans le temps. Et ça, c’est grave, autrement dit je suis inquiet. »
Écrire, c’est devenir immortel
« Écrire pour les enfants, c’est écrire dans son propre avenir », soutient le poète, qui aura 91 ans le 27 octobre prochain. Pour lui, la jeunesse représente l’espoir de l’humanité et c’est pourquoi elle occupe une place centrale dans son œuvre. Écrire pour elle, c’est aussi se rapprocher de l’immortalité.
« La petite-fille qui est là, c’est une [future] grand-mère. Elle ne le sait pas, mais moi, je le sais [...] qu’un jour, elle va bercer ses petits-enfants avec un petit bout de mes refrains. C’est ça, l’immortalité. »