La littérature permet d'explorer les paradoxes de l'humain, ce qui ramène inexorablement la romancière Yara El-Ghadban à son identité palestinienne et, par la bande, à l'histoire juive. « C'est ça qui est beau et tragique; on a la même histoire, au fond », dit-elle en entrevue avec Franco Nuovo.
Son dernier roman, Je suis Ariel Sharon, lui a valu le Prix de la diversité au dernier festival Metropolis bleu. La romancière s’attarde au personnage de l’ex-premier ministre israélien à travers les femmes dans sa vie : sa mère, ses deux épouses et sa maîtresse.
C’est un personnage qui me fait peur, Ariel Sharon. C’est quelqu’un qui est associé à beaucoup de moments violents, même dans ma famille, explique-t-elle. Je suis allée avec les femmes dans sa vie, parce que je peux parler avec des femmes, je peux m’identifier aux femmes. Elles l’ont protégé et elles m’ont protégée.
« L’histoire des Juifs, c’est aussi mon histoire, parce que j’en vis les répercussions aujourd’hui. On a deux histoires qui sont intimement liées. […] Je ne peux plus raconter mon histoire sans parler des Palestiniens et des Juifs. »
Enfant de la loi 101, Yara El-Ghadban a choisi le français pour écrire; une langue qu’elle a apprise tard, à 13 ans, et qu’elle associe désormais à son indépendance.
Dans son deuxième roman, Le parfum de Nour, le thème de la Palestine s’est imposé de lui-même, quand des bombardements ont commencé à Gaza. C’était pour moi impossible de ne pas intégrer ça dans le roman
, affirme celle qui voulait au départ tout simplement écrire une histoire d’amour.
Comme romancière, Yara El-Ghadban tente de raconter des histoires qu’on ne raconte pas. Pendant très longtemps, on ne pouvait pas nommer le nom "Palestine"; on a prétendu que les réfugiés n’existaient pas et que même la terre de la Palestine, c’était une terre sans peuple
, fait-elle remarquer.