Michael Kovrig et Michael Spavor ainsi que leurs proches poussent un soupir de soulagement après avoir regagné le sol canadien après plus de 3 années de détention en Chine. Il reste toutefois d'autres citoyens canadiens emprisonnés, dont un depuis plus de 15 ans dans les geôles chinoises. Il s'agit de Huseyin Celil, qui fait partie de la minorité ouïghoure, un peuple que les autorités chinoises n'ont de cesse de réprimer.
Huseyin Celil est citoyen canadien depuis 2005. Arrivé au Canada en 2001, il s’est installé à Burlington, en Ontario, avec sa femme et leurs 4 enfants.
Au cours d’un voyage en Ouzbékistan en 2006, il a été arrêté et extradé en Chine. Sa famille n’a plus de contact avec lui depuis son envoi en camp dit de réhabilitation
en 2016.
Il est très difficile d’entrer sur le territoire et d’avoir accès à ces prisons
, nous dit France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone. Dans le cas de Huseyin Celil, le gouvernement chinois ne reconnaît même pas sa citoyenneté canadienne, donc ils ne parlent même pas avec les autorités canadiennes à son sujet. C'est comme s’il n’était même pas Canadien. Il est considéré comme Ouighour chinois
, poursuit-elle.
Les députés canadiens ont adopté en février dernier une motion désignant le traitement des Ouïghours en Chine à un génocide
. C’est une pression, c’est une déclaration qui est nécessairement entendue par la Chine, estime Mme Langlois, cependant, en même temps, le Canada entretient beaucoup de relations économiques avec la Chine.
« Il y a beaucoup de diplomatie, c’est un équilibre qui est très précaire, qui est très sensible entre les pressions et garder les communications ouvertes. [...] Il y a une question aussi de commerce et il va falloir se poser de sérieuses questions par rapport à ces liens commerciaux qui, souvent, et pas seulement dans le cas de la Chine, prennent davantage de place que nos beaux principes. »
L'épouse de Huseyin Celil, Kamila Talendibaeva, estime pour sa part que son époux doit bénéficier de toute l’attention du gouvernement canadien, car c’est sa seule nationalité.
« La double citoyenneté a été utilisée par les Chinois pour faire obstruction au Canada, tandis que le Canada s’en est servi comme excuse pour expliquer pourquoi il ne peut rien faire. Mon conjoint, Huseyin Celil, par contre, n’a pas la double citoyenneté. Il n’a jamais été en possession d’un passeport chinois. Comme le permet la loi chinoise, il a renoncé à sa citoyenneté chinoise lorsqu’il est devenu citoyen canadien. Le Canada doit insister pour que la Chine reconnaisse qu’il est Canadien et dépêcher un envoyé spécial pour le ramener au pays. »