« Spinoza doit retrouver ses lettres de noblesse », croit Raphaëlle Prince, professeure de philosophie au Cégep de Sainte-Foy. Au micro de Jean-Philippe Pleau et Serge Bouchard, elle défend la pertinence d'enseigner aux collégiens la pensée de ce philosophe néerlandais parfois considéré comme secondaire dans l'histoire de la philosophie occidentale.
Dans ses cours, l’enseignante essaie de transmettre à quel point la joie est centrale dans la philosophie de Baruch Spinoza. La joie est liée au conatus, un concept fondamental de L’éthique associé à l’effort de persévérer dans son être. C’est à la fois le moyen et la finalité de l’existence
, explique-t-elle.
« La joie, c’est le sentiment d’exister un peu plus, de sentir cette puissance, […] d’exister à travers ses affects, à travers son cœur. C’est le passage d’une puissance moindre à une puissance supérieure. »
Ça cadre tellement avec ce à quoi j’aspire
, affirme l’enseignante, qui a grandi au contact du bouddhisme, une philosophie qui s’apparente à la pensée de Baruch Spinoza, selon elle. L’éveil dans le bouddhisme et la béatitude chez Spinoza, il me semble que c’est la même chose
, souligne-t-elle.
La professeure est l’une des seules à avoir enseigné Spinoza dans l’histoire du Cégep de Sainte-Foy, à Québec. Selon elle, c’est avant tout parce qu’il s’agit d’un philosophe difficile à lire. Elle ajoute que dans l’histoire de la philosophie occidentale, Spinoza est considéré comme un penseur secondaire, puisque la philosophie des Lumières est souvent injustement confinée à la France.