Peut-on manger de la viande façon éthique? Pour Christiane Bailey, il n'y a pas de meilleure façon de faire de l'élevage. Même si le débat tournant autour de ce que serait un mode juste envers les animaux est loin d'être clos, la philosophe prône la réduction de la consommation de viande.
« Toute forme d’élevage repose sur le fait de brimer l’intégrité physique des animaux et, à terme, de les tuer et de les empêcher de vivre leur vie comme ils entendent », affirme la coauteure avec Jean-François Labonté de l'ouvrage La philosophie à l’abattoir, paru l'automne dernier aux éditions Atelier 10.
Mais comment savoir ce que veulent les animaux? Existe-t-il une conscience, voire une citoyenneté animale? Le débat est loin d’être tranché, souligne la philosophe. Mais, selon elle, « c’est assez commode de se dire que ces animaux-là ne ressentent pas la douleur, ou, du moins, ne la ressentent pas comme nous ».
« Je préfère de loin qu’on parle de réduction, même si on est très loin de s’entendre sur ce que serait un monde juste envers les animaux. »
Sur le plan de l’éthique, Mme Bailey ne voit pas de différences entre les méthodes d’élevage traditionnelles et industrielles. Elle souligne toutefois que certains scientifiques sont convaincus que les élevages industriels font beaucoup moins souffrir les animaux que les abattoirs traditionnels, où l’animal est tué « avec un couteau mal aiguisé dans l’arrière-cour, un peu n’importe comment ».
Il ne faudrait pas pour autant permettre aux animaux d’élevage de vivre à l’état sauvage, croit-elle. « Ces animaux font partie de nos sociétés, ce sont des animaux domestiqués […] On doit voir ce qu’ils veulent individuellement. »