« Non seulement l'eau chaude contient moins d'oxygène, mais les poissons ont aussi besoin de plus d'oxygène parce que leur température augmente. Le résultat : ils se déplacent vers les pôles Nord et Sud parce qu'ils essaient de trouver de l'eau à la température qu'il leur faut », explique Daniel Pauly, biologiste marin à l'Université de la Colombie-Britannique.
Les habitats traditionnels des différentes espèces de poissons seraient donc en train de changer. « Au Québec, on trouve dans le golfe du Saint-Laurent des poissons qui étaient auparavant en Floride », illustre le scientifique. En Colombie-Britannique, ce sont les calamars géants issus du Mexique qui fuient les eaux chaudes estivales et finissent échoués sur les plages.
Ce déplacement des bancs de poissons peut atteindre jusqu’à 10 km par année d’après le chercheur. « Les poissons ne peuvent pas s’adapter à des changements de température. C’est pour ça qu’ils se déplacent. Le problème est surtout pour les pays tropicaux. En Colombie-Britannique, nous sommes en zone tempérée, on a des poissons qui viennent des États-Unis ou du Mexique et nos poissons vont vers l’Alaska. Mais les tropiques perdent leurs poissons et ils ne sont pas remplacés. »
À cela, il faut ajouter les dangers de la surpêche qui épuise les stocks marins. « Si on pêche de façon raisonnable, bien sûr qu’on aura des résultats raisonnables. Mais ces bonnes pratiques sont très rares », souligne-t-il.
« On peut faire marche arrière contre la surpêche. Si on veut des forêts, il suffit de ne pas les couper. »
Daniel Pauly a remporté le prestigieux Prix de la Fondation BBVA Frontières de la connaissance en écologie et biologie de la conservation pour l’année 2019. Il a aussi publié en décembre 2019 la 2e édition de son livre Gasping Fish and Panting Squids: Oxygen Temperature and the Growth of Water Breathing Animals.