« Le mignon, c'est une qualification esthétique qui désigne des êtres vivants, des objets, des gestes ou des attitudes qui procurent du plaisir en raison de leur délicatesse, leur petitesse ou leur état de vulnérabilité. » Vincent Lavoie, historien de la photographie et professeur au Département d'histoire de l'art de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), s'intéresse aux manifestations du mignon dans la société – qu'on parle de petites boules de poils ou d'objets avec des traits enfantins – dans son essai Trop mignon! Mythologies du cute.
Ce n’est pas pour rien que les vidéos de chats sont aussi populaires sur le web. Qu’on pense à plusieurs vedettes félines du web telles que Attila Fluff (alias Surprised Kitty), Frank (alias Happy Cat) ou Lil Bub, le chat possède de nombreux codes du mignon.
« Ces images-là constituent des antidotes à des images d’actualité qui sont complexes, qui demandent un travail d’intellection ou qui nécessitent de l’analyse. Ça nous permet de suspendre tout travail analytique et de nous abandonner dans un ressenti émotif tout simple ou régressif. »
Pour expliquer le succès de ces petites choses mignonnes, Vincent Lavoie présente également des pistes de réflexion de l’ethnologue Konrad Lorenz. La théorie de ce biologiste et zoologiste veut que des mécanismes de déclenchement innés activent une réaction de soins des adultes envers leurs petits, aux traits juvéniles irrésistibles. « C’est comme si nos enfants avaient intérêt à ce qu’on les trouve mignons pour qu’ils bénéficient de nos soins », dit Vincent Lavoie.
À lire :
L’essai Trop mignon! Mythologies du cute, Vincent Lavoie, Presses universitaires de France, 2020