En 1986, les médias ont dévoilé que le gouvernement de Ronald Reagan avait vendu des armes à l'Iran, un pays ennemi des États-Unis, en échange d'otages américains détenus au Liban. Les sommes récoltées par cette vente ont servi à financer la Contra, un mouvement d'opposition armé au Nicaragua. La politologue Karine Prémont raconte la saga politique de l'affaire Iran-Contra.
En décembre 1983, le groupe islamiste Hezbollah enlève six Américains au Liban. En mars 1984, on prend aussi en otage le chef de la CIA à Beyrouth. Le président Reagan refuse officiellement de payer la rançon demandée ou d’échanger des prisonniers, bien qu’il soit ému par ces événements. Les membres du Conseil de sécurité nationale (National Security Council ou NSC) concoctent alors un plan pour libérer les otages.
Le principal artisan du plan, le conseiller à la sécurité nationale Robert McFarlane, souhaite ramener l’influence américaine au Moyen-Orient par la vente d’armes à l’Iran en échange d’otages. Son successeur, John Poindexter, se contente de suivre la procédure déjà établie.
Ronald Reagan approuve la vente d’armes à l’Iran
En juillet 1985, Robert McFarlane dévoile à Ronald Reagan son plan pour libérer les otages. Le président approuve la vente de matériel militaire en Iran en échange d’otages. Il ne sait toutefois pas ce qui sera fait avec l’argent.
Les transactions commencent au mois d’août 1985 avec l’intermédiaire du gouvernement d'Israël et de Manucher Ghorbanifar, un ami du premier ministre iranien. Dans les mois qui suivent, malgré la livraison de missiles à l’Iran, les États-Unis obtiennent la libération de seulement trois otages.
Des tractations illégales
Le lieutenant-colonel Oliver North, un membre du Conseil de sécurité nationale, s’occupe d’investir les sommes récoltées par la vente d’armes dans un fonds secret situé en Israël. L’argent récolté sert à financer la Contra, un mouvement d’opposition au président nicaraguayen Daniel Ortega. Or, le droit international et les lois américaines interdisent ce type de tractations.
Le 13 novembre 1986, 10 jours après l’éclatement de l’affaire Iran-Contra, Reagan nie avoir échangé des armes contre la libération d’otages américains. Quelques mois plus tard, après la tenue d’une commission d’enquête, il finit par admettre que cet échange a bien eu lieu et que l’argent tiré des ventes d’armes a servi à financer la Contra.
« Quatorze des conseillers de Reagan impliqués dans le scandale Iran-Contra sont accusés de mensonge, d’obstruction à la justice, de destruction de documents et de conspiration. »
En mars 1987, le président demande pardon aux Américains pour les avoir induits en erreur dans son discours précédent. Ses excuses lui permettront d’être pardonné pour son inconscience des actions illégales de son entourage.