Surnommé le « boucher de Lyon », Klaus Barbie a semé la terreur en recourant aux plus cruelles techniques de torture contre les résistants et les juifs français. Après la Seconde Guerre mondiale, il a été recruté par le contre-espionnage américain, puis s'est réfugié en Bolivie. L'historien Éric Dussault raconte l'extradition en France en 1983, puis la condamnation pour crimes contre l'humanité de cet ancien chef de la Gestapo.
Nikolaus Barbie, dit Klaus, naît en 1913 à Bad Godesberg, en Allemagne. Endoctriné très jeune par le régime nazi, il commence dans sa vingtaine à mener des rafles contre des prostituées, des juifs et des homosexuels. Son efficacité et son zèle lui permettent de gravir rapidement les échelons de la Gestapo, la police secrète dirigée par les SS.
Envoyé en France occupée à partir de novembre 1942, Klaus Barbie sévit à Lyon, où se trouve le siège de la Résistance.
Un bourreau nazi utile aux Américains
Klaus Barbie commet parmi les pires atrocités de l’Occupation allemande afin de soutirer de l’information à ses victimes. Le célèbre résistant Jean Moulin meurt torturé en sa présence. Sous ses ordres, des centaines d’hommes sont arrêtés, puis déportés dans des camps de concentration.
Après la guerre, en 1946, un magistrat militaire lance un mandat d’arrêt à l’encontre de Klaus Barbie, mais sans résultat. En 1947, les services secrets américains le recrutent afin d’obtenir de l’information sur des communistes.
Pris au piège par un journaliste
Recherché pour crimes de guerre, Klaus Barbie adopte le faux nom de Klaus Altman et trouve refuge en Bolivie en 1951. Vingt ans plus tard, un couple de militants juifs, Serge et Beate Klarsfeld, réussit à retrouver l’ancien officier nazi.
En 1972, le journaliste français Ladislas de Hoyos démasque Klaus Barbie lors d’une entrevue. Il le contraint à révéler sa vraie identité et obtient ses empreintes digitales.
Le procès de Klaus Barbie
En 1983, la France extrade Klaus Barbie afin qu’il soit jugé pour ses crimes. Vingt ans après les faits, il est toutefois impossible de l’accuser en raison de ses crimes de guerre. Certains actes commis par l’ancien officier nazi permettront cependant de le condamner pour crimes contre l’humanité.
Le procès de Klaus Barbie a lieu à Lyon, entre le 11 mai et le 7 juillet 1987. Seul avec son avocat Jacques Vergès, il affronte une quarantaine d’avocats, mais aussi une foule de journalistes, de témoins et une centaine de ses victimes. Après 37 audiences, la justice le reconnaît coupable de crimes contre l’humanité et le condamne à la prison à vie. Il meurt quatre ans plus tard, en 1991, sans jamais s’être excusé pour les horreurs commises.